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19 octobre 2014: Danses-tu le Mondo?

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[caption id="attachment_2861" align="aligncenter" width="600"]10257144_10152360231156143_5766321474818114558_o Perspective, octobre 1965.[/caption]

La danse est indissociable du Yé-Yé et pour se distinguer, les groupes/chanteurs des années 60 enchaineront les modes et les rythmes : TWIST, YAYA, JERK, LETKISS, WATUSI, SKA, MONKEY, SHIMMY, FLY, BRISTOL STOMP, LE SLOP, MASHED POTATO, LE PONY, HULLY GULLY, BLUE BEAT, LE SLOOPY, LE MONKISS, LE LOOP DE LOOP, LE POPEYE... À chaque jour, sa nouvelle danse! Aujourd'hui, je vous propose quelques sélections ecclectiques de 1962 à 1969 pour réchauffer le plancher de danse. Tassez les meubles, on part... Bonne écoute!

Michèle Richard – C’est l’oiseau (Trans-Canada; 1966) Dany Aumont – Shoubidou le Ska (Jupiter; 1965) Denise Filiatrault & Jen Roger – Twist contre twist (Barclay/Encore; 1962) Donald Lautrec – Dansons le Turkey trott (Jupiter; août 1964) Ginette Sage – Le Kangourou (Dinamic; 1964) Les Copains – Le Chat (Fantastic; 1965) L’Infonie – Viens danser le OK-là (Polydor; 1969) Les Mykels – Sweat (Prestige; 1968) Tout Va – Le Bounce (Beaumont; 1966) Trevor Payne – Le Funky (Télédisc; 1967) Les Hou-Lops – Jeux de danse (Météor; 1964)

2 novembre 2014: Notre entrevue avec Serge Mondor, chansonnier du macabre!

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AFFICHE_MONDO_MONDORMondor_SebastienIl chantait la violence et l'horreur, se présentait pendu sur scène, s'abreuvait de vos peurs et endisquait votre haine! Aujourd'hui, 2 novembre (Fête des Morts), on a le privilège de s'entretenir avec Serge Mondor, le chansonnier du macabre qui sidéra son public durant les années 60-70. Si Mondor affichait occasionnellement un côté tendre en valsant avec la chanson et la pop, aucun autre artiste ne pouvait toutefois se vanter d'offrir un tour de chant puisant aussi allègrement dans les histoires de meurtres, d'occulte, de débauche et de crimes audieux. Il capta même l'attentiopn de Jean-Pierre Ferland qui le parainnera, signant les notes de son unique album et lui composant quelques chansons inédites au passage. Pas mal pour un artiste que la presse artistique se plaisait à qualifier sans gêne de machiavélique, monstrueux et diabolique... Chose certaine, c'est un entertainer fort sympathique et généreux qui m'a ouvert sa porte cet été pour me jaser du passé. Découvrez maintenant son étonnant parcours, entre ses quelques enregistrements (un album et deux 45 tours) et ses performances scéniques à glacer le sang! Bonne écoute!

Le 13 janvier 1966, Mondor en était déjà à son second passage à La boîte à Chanson de Jeunesse Oblige, le segment animé par le chansonnier à succès Jean-Pierre Ferland. Ce dernier présentait alors ses découvertes pour l'année à venir, de nouveaux visages forts prometeurs tels Georges Casavant, Mondor et un jeune Claude Dubois dans ce qui pourrait bien être une de ses toutes premières apparitions télévisées. Ouvrez grand les yeux! Je tiens à remercier Serge Mondor pour toutes les photographies ainsi que ce précieux document et Martin Lamontagne pour la numérisation.

[caption id="attachment_2877" align="aligncenter" width="640"]MONDOR_pendu copy Mondor, arrivant suspendu et... pendu sur scène![/caption]

Extraits bonus:

[caption id="attachment_2884" align="aligncenter" width="640"]Serge Mondor partage la scène avec Pauline Julien, le 5 décembre 1969 (source: BAnQ). Serge Mondor partage la scène avec Pauline Julien, le 5 décembre 1969 (source: BAnQ).[/caption]

[caption id="attachment_2881" align="aligncenter" width="600"]Mondor, vers 1970. Mondor, vers 1970.[/caption] [caption id="attachment_2886" align="aligncenter" width="640"]Serge Mondor durant les années 70. Serge Mondor durant les années 70.[/caption] [caption id="attachment_2887" align="aligncenter" width="600"]Première photo promotionnelle de Mondor alors qu'il chantait pour le groupe Les Spoutniks (de Joliette). Première photo promotionnelle de Mondor alors qu'il chantait pour le groupe Les Spoutniks (de Joliette).[/caption]

9 novembre 2014: La famille élargie d’Offenbach – Première partie 1966-1972

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Bruce_7eInvention

[caption id="attachment_2903" align="aligncenter" width="640"]mondo_offenbach Bruce (Huard) & la 7e Invention en 1969.[/caption]

Aujourd'hui, notre heure misera sur des performances en lien avec les premières moutures du groupe Offenbach (avec notamment Gerry et son frère Denis Boulet, Jean Johnny Gravel, Michel Willie Lamothe, Roger Wézo Belval et Pierre Harel). Au menu: des performances des groupes pré-Offenbach, des collaborateurs du groupe et des productions parallèles. Les fans les plus férus seront comblés. On poursuivra notre exploration des années 70-80 qui ont marqué l'évolution du groupe dans une future seconde partie.

J'aimerais remercier et saluer les amis et collaborateurs Serge Paquin pour les pièces de Pierre Harel, Stéphane du blogue La Mémoire Retrouvée pour ses articles thématiques ainsi que l'historien du yéyé Richard Baillargeon et son défunt magazine, Rendez-Vous, qui avait offert en 1993 l'histoire détaillée des groupes pré-Offenbach.

Je vous invite aussi à découvrir notre entrevue avec Bruce Huard, chanteur des Sultans et plus tard de La 7e Invention avec de futurs membres d'Offenbach, en cliquant ici.

OFFENBACH – FILS DE LUMIÈRE (BARCLAY; 1972)

Geralldo1 copyGÉRALLDO – NE MENTONS PAS (CANUSA; 1 FÉVRIER 1967)

Premier simple en solo pour le chanteur-organiste des Gants Blancs, Gerry Boulet. Le groupe peut aussi être entendu sur ce simple. Consultez l'article du blogue La Mémoire Retrouvée pour de juteuse anecdotes. Est-ce que quelqu'un accepterait de partager avec nous la performance du printemps 1967 de Geralldo à l'émission Jeunesse d'Aujourd'hui? On adorerait voir ça!

ROBERT BOULAY – TU M'AS PROMIS (MARS; 15 JUILLET 1967)

Ce chanteur ne pressa que 3 simples dont un premier sur l'étiquette de Québec gérée par Bob Chamberlan, les disques Mars. Gerry Boulet sous son pseudonyme Geralldo assure la production du 45 tours de Boulay en juillet 1967, jouant aussi sur cette reprise assez propre de « It had to be you ».

LES HÉRITIERS – 18 ANS (TÉLÉDISC; 1966)

Avant de rejoindre Offenbach, Roger Belval dit Wézo et Jean Johnny Gravel firent partie du groupe de Granby Les Héritiers. Les deux avaient aussi auparavant fait partie des ensembles Les Rockets (62-64) et Les Venthols (64-65).

BRUCE & LA 7E INVENTION – CE QUELQUE CHOSE (SPECTRUM; 1971)

L'an dernier, nous recevions l'ex-chanteur des Sultans, Bruce Huard, pour une entrevue. Il nous avait confié qu'en 1969, frustré de son premier album (un succès retentissant mais qui ne le représentait pas vraiment à son avis), il avait été approché par ses amis des Gants Blancs pour l'accompagner sur scène. Huard s'annuyait de la dynamique d'un groupe et pendant la majeure partie de 1969, Huard, Les Gants Blancs et une section de cuivres de l'arrangeur-orchestrateur Jerry De Villiers parcourirent le Québec et nous laissa un unique simple sous le nom de la 7e invention.

[caption id="attachment_2906" align="aligncenter" width="640"]Avec Yvon Hubert, printemps 2012. Avec Yvon Hubert, printemps 2012.[/caption]

YVON HUBERT – LES SAISONS DE LA VIE (COGITO; 1971)

Le prêtre chantant s'était fait remarqué lors de son bref passage à la barre de l'émission Le Jour du Seigneur à Radio-Canada en 1969 et par ses spectacles son-lumières à grand déploiement. Après deux albums de pop-rock chrétien réalisés avec François Dompierre, on présenta Hubert à Offenbach en vue d'une participation à leur spectacle à l'Oratoire St-Joseph de Montréal. Voici un extrait du second long-jeu d'Yvon Hubert, Spirisphère, publié à peu près en même temps que sa rencontre avec le groupe.

PIERRE HAREL – DONNEZ-MOI D'LA BONNE VIE (LONDON; 15 JANVIER 1971)

Premier simple de Pierre Harel en solo qui mettait déjà de l'avant les compositions du poète, comme l'autre face Ugly Lou. Selon Harel, la chanson datait déjà de 1969 au moment de l'enregistrement et on peut noter la présence du guitariste Marcel Beauchamp sur ce simple. Les deux faces seraient recyclées des années plus tard, Donnez-moi d'la bonne vie serait ainsi rebaptisée Ding Dong par Corbach.

MOUFFE – TANT QU'ON EST DEUX - BOZZA NOVA (LONDON; 1971)

Que fait-elle ici vous me direz? Vous n'êtes pas sans savoir que la comédienne et interprète Mouffe (Claudine Monfette) s'était vue confier un rôle dans le long métarge de Pierre Harel... Bulldozer. À peu près en même temps, celle qui était aussi la compagne de Robert Charlebois, allait enregistrer un rare simple en solo, signant deux compositions ensoleillée. La production était de Guy Rhéaume (Les Convix; Le Cardan), mais malheureusement nous n'avons aucun détails sur les musiciens...

MADELEINE CHARTRAND – AH COMME ON S'ENNUIE (VISA; 1971)

Avant de graver son succès planétaire Ani-Kuni en 1973, Chartrand avait réalisé quelques enregistrements pour son producteur et amant.. Tony Roman. Vers 1971, Roman gérait un nouveau catalogue pour l'étiquette Visa qui semblait en être à sa deuxième incarnation. Roman chantait la face A et la face B revenait à Chartrand. Elle reprend justement un titre composé par Pierre Harel et Mouffe pour la bande originale de Bulldozer (Offenbach), chanté à l'origine par Harel.

[caption id="attachment_2901" align="aligncenter" width="1008"]Les Trois Badours (image tirée du site capitol6000.com) Les Trois Badours (image tirée du site capitol6000.com)[/caption]

LES TROIS BADOURS – JOEL AKA JOEL LE MARIN (CAPITOL; 1966)

Ici, on déterre une des toutes premières compositions de Pierre Harel. Si le rockeur s'était surtout fait connaître du grand public en se joignant à Offenbach au tournant des années 70, il faut savoir qu'il n'en était pas à ses premières manifestations sur scène. En effet, Harel avait d'abord été chansonnier durant les années 60, ouvrant notamment pour Félix Leclerc -rien de moins! En 1966, une de ses chansons serait retenue par le trio folk... Les Trois Badours. Arrangée par Yves Lapierre, sa chanson « Joël le marin » serait simplifié à seulement.. Joël et inclus sur l'unique album du trio en novembre 1966.

OFFENBACH – DOMINE JESUS CHRISTE (BARCLAY; 1972)

Tiré de Saint-Chrone de Néant et offrant une sublime interprétation en latin de Gerry Boulet.mQue vous et moi on ne parle pas le latin importe peu... c'était bon, c'est encore bon.

16 novembre 2014: L’envers du New Wave québécois 3 avec Pascal Pilote

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J'ai le privilège de recevoir cette semaine l'ami et collectionneur Pascal Pilote, érudit de la scène laternative québécoise des années 70-80, pour une troisième édition de l'Envers du New Wave québécois! Depuis nos premières éditions, plusieurs artistes méconnus ont été retracés et contactés et on ne saurait trop les remercier pour leurs précieuses collaborations à la réalisation de cette prochaine heure aux confins du glam, du punk et de l'électro. Bonne écoute et n'hésitez pas à partager commentaires, photos et anecdotes au bas de cette page!

CONCOURS: Pour courir la chance de mériter deux 45 tours gracieuseté de Meanbean Records, rien de plus simple! Écoutez la baladodiffusion et répondez à notre question en seconde demi-heure: Qui était ce musicien populaire qui a fait ses débuts au sein du groupe The Wipers? Expédiez votre réponse au mondopq@mondopq.com. Le/la gagnant(e) sera annoncé(e) dimanche prochain. Bonne chance!

blue printsTHÈME LAUTREC 82

LAYDEN ZAR – LIFE IS BIZARRE (A&M RECORDS; 1981)

Groupe de Québec formé au milieu des annés 70 et qui accompagnait à ses débuts le chanteur Robert Leroux (Circociel). Avec Paul Grondin (b), Jacques Noel, Brian Wilson, Serge Gratton et Pascal Mailloux. Le groupe puliera 2 simples et leur premier album (enregistré/produit par André Perry) en 1981 avant de collaborer avec le guitariste/producteur Walter Rossi pour leur dernier long jeu de 1985. Cet extrait demeure leur plus percutant sur vinyle.

BLUE PRINTS – WHAT YOU D-SERVE (STARE; 1982)

Groupe de Montréal (précisément du quartier Hampstead) avec Peter McGee.

Terapi 7aTÉRAPI – BREADUS FUNGUS (ROCK BEC; 1983)

Groupe de Montréal avec Line Prévo (v, gu, casseroles), Jojo (g), Érik Piro (batterie) et Michel Gougeon (basse) qui publia 1 simple promo et deux mini-album de 4 titres entre 1982-1983.

BLUE OIL – MONEY (BLUE OIL; 1982)

Sensation pop new wave de la scène montréalaise. Le groupe constitué de Manon Asselin, Manon Fatter (co-auteure du récent livre Véronique Sanson: On m'attend là-bas. Son histoire au Québec), Marie-Christine Thiboutot & Cari Jones ne publia qu’un mini-album de 4 titres en pressage privé et ce rare 45 tours punk en trio au début de leur carrière. Un excellent cru... éventuellement rééditer par Meanbean Records? On jase, là.

[caption id="attachment_2927" align="aligncenter" width="640"]10756363_10203017599228590_534233751_o Feuillet promotionnel pour un spectacle du groupe Modular. Si les membres de Plancton sont à l'écoute, contactez-nous![/caption] MODULAR – POWER TO THE ALIENS (1981)

On a un GROS faible pour ce titre ravageur qui séduit dès la première écoute! Alain Karon a été une figure dominante de nombreux groupes rock des années 70-80 avant les premiers succès de son groupe Les Taches (shakatwist; Va chercher). On le retrouve ici dans le groupe Modular aux côtés de . Tout ce beau monde n'a pas eu le temps de graver officiellement un 45 tours, mais on se régalera entre temps de cette rare performance live, gracieuseté de Karon!

MAGNUM – GO DON'T STOP (L'ESPRIT CHOM; 1981)

Il ne faudrait pas sous-estimer le flair du spirit of Montreal, la station de classic rock CHOM FM. Dès la fin des années 70 et jusqu'au début des années 2000, la station a compilé sur disque à chaque année de nouveaux talents prometteurs. Ici, il s'agit de L'Esprit CHOM 81, réalisé avec beaucoup de soins par Benoit Dufresne, premier animateur de l'émission Nu Musik à Musique Plus avant que Claude Rajotte ne prenne sa relève.

DÉJÀ VOODOO – ROCK THERAPY (OG MUSIC; 1983)

Incontournable duo “rock garage primal” montréalais, avec Gerard Van Herk (g) et Tony Dewald (batterie) qui débute vers 1981 et nous offe deux ans plus tard cet extrait live inclu sur le EP From Montreal (aux côtés de Terminal Sunglasses, American Devices et Condition). Avec The Gruesomes, ils incarneront la scène revival garage des années 80 avec leurs influences punk, garage et rockabilly.

THE CHEMICALS – BREAKTIME (INÉDIT; 198?)

On avait diffué un extrait de l'unique 45 du groupe lors de notre première Spéciale en 2013. Depuis... les membres du groupe ont été retracés et l'étiquette de Québec Meanbean Records a réédité ce même simple (du beau boulôt.. signé Martin Tremblay). Aujourd'hui, on récidive, mais pas avec n'importe quoi... un titre INÉDIT du groupe!

DISAPOINTED A FEW PEOPLE – FUCK WITH CHRIST (NOIRS; 1984)   [caption id="attachment_2930" align="aligncenter" width="611"]ralph_mashats_weiji45 Pochette du «micro album» Weiji de Ralph Mashats. Merci à Louis Rastelli d'Archive Montréal pour la numérisation.[/caption] RALPH MASHATS – IRRADIÉS (PRESSAGE PRIVÉ; 1981?)

Homme de plusieurs micro-projets musicaux durant les années 80-90, Mashats signe ici probablement son tout premier simple en solo... un microscopique pressage privé publié des années avant l'aventure Ralph & les Baronics. C'est ce groupe qu'on retrouverait principalement sur les compilations Album Blanc I, II & III (Y'a comme un trou dans l'garde-manger) et dans différentes incarnations sonores qui ne néglieraient pas de revisiter leur passé... comme en témoigne cette reprise tardive de Irradiés !

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Irradiés- Ralph et Les Baronics - wideo Live à l'émission Nu Musik sur les ondes de la station de télévision montréalaise Musique Plushttp:// www.lesbaronics.comJuin 1989

23 novembre 2014: Mondo Garage avec Michel Alario

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Chevelles, les 02

[caption id="attachment_2948" align="aligncenter" width="640"]Iconiques! Les Odds sur scène (extrait de la page Facebook du groupe). Iconiques! Les Odds sur scène (extrait de la page Facebook du groupe).[/caption] sebastien_michel_23112014L’émission d’aujourd’hui sera dédiée au rock garage québécois, à ses 45 tours les plus bruts, aussi inventifs que primitifs! Pour l’occasion, l’ami Michel Alario, collectionneur et ex-chanteur du groupe sherbrookois Les Macchabées, nous dévoile quelques-uns des titres les plus grinçants et convoités de la province. Profitez-en pour mettre à jour vos listes de souhaits! J’en profite pour saluer et remercier chaleureusement tous les historiens et musiciens qui ont répondu avec enthousiasme à notre appel : Richard Baillargeon, Robert Thérien, Léo Roy, Jean Veilleux (Les Stratones), Daniel Auger (Les Odds) et plus particulièrement tous les proches du groupe montréalais Les Chantels, notamment Jean Laberge (batteur) et Martin Dubreuil (tambouriniste pour Les Breastfeeders et fils de Ramaglia). Vos témoignages nous ont grandement touchés. Michel et moi dédions ainsi la prochaine heure à la mémoire –bien vivante!- d’Albert Ramaglia dit Rémy, chanteur des Chantels qui nous a quitté en 2011. Bonne écoute! [caption id="attachment_2949" align="alignleft" width="120"]Les Chevelles Les Chevelles[/caption]

Les C-Bees - Thème Mondo P.Q. (démo; 2014)

On a fait appel aux ex-membres du quintet montréalais Le Chelsea Beat devenu depuis Les C-Bees pour adapter le thème de Mondo P.Q. Merci messieurs d’avoir relevé le défi! Nos studios vous seront toujorus ouverts.

Les Chevelles – Ton ombre me suit (Niagara; 1965)

À la limite du frat rock et du son garage naissant… Tellement bon que le groupe de Sherbrooke Les Macchabées la reprendrait sur leur unique long jeu éponyme de 2005. Il s’agissait d’un groupe de la région de Québec avec Gilles Bertrand (chanteur), Claude Viel (guitare soliste), Denis Déry (guitare et voix), Jacques Gagnon (saxophone), Gilles Arseneault (guitare basse) et Serge Gaboury (batterie). Leur unique 45 tour fut publié avec une pochette-photo aujourd’hui rarissime.

[caption id="attachment_2954" align="alignleft" width="110"]Première mouture des Stratones Première mouture des Stratones[/caption]

Les disques LOIR: Robert « Bob » Chamberlan (décédé en 2013) était un entrepreneur de la région de Québec qui gérait notamment les Disques Mars (Les Sextans, Les Gants Blancs, Les Pieds Nicklés) ainsi que la petite étiquette Loir. Seuls trois simples furent pressés sur Loir, tous en quantités infimes. La plupart sont excessivement rares et convoités depuis des décennies… de grands crus avec tout le charme de leurs défauts. Trois groupes de marginaux donc, chacun anticonformiste à sa manière et qui illustre le côté rock de la vieille capitale.

Les Stratones – Petite soeur (LOIR LO8301; 1966)

Groupe de Québec qui débute en sextet avant de se stabiliser en quartet avec Lawrence Alison (chant, basse), Jean Veilleux (g), Denis Colette (g) et Jacques Arsenault (batterie). Veilleux nous confie : Le nom du groupe était en lien avec les Rolling Stones, nos idoles. Venant de la basse-ville, nous étions assez rebelles! Personnellement, j’étais même contre l’idée d’enregistrer un 45 tours; d’ailleurs, on a jamais reçu un sou pour ça! Notre groupe a quand même été diffusé à l’émission Allez-4 où on a rencontré et snobbé Michèle Richard! Le showbizz, c’était pas trop notre truc… L’enregistrement du 45 tours s’est fait à Montréal, probablement chez StréréoSound, en pleine nuit. Un des musiciens de la session précédente nous a approchés pour offrir de jouer de l’orgue en studio avec nous. C’était nul autre que Gerry Boulet des Gants Blancs!

Stratones2 copybestLoir_OddsLes Odds – C’est leur vie (LOIR LO8302; 1967)

Un autre groupe de la ville de Québec, avec Michel Tremblay (basse, soloiste), Daniel Auger (guitare), Paul Bergeron (guitare), Gylls Desrochers (batteur). Jugés trop pétés pour leur premier engagement à Notre-Dame des Laurentides, ils performeront par la suite souvent au Puff-Club puis au Temple, deux clubs de Québec reconnus pour leur ouverture à toutes sortes d'extravagence.

Daniel Auger nous écrit : Après avoir enregistré "C'est leur vie", la production a effectivement décidé d'y ajouter aussi l'orgue de Gerry Boulet. Au début, on devait faire la version de Obladi Oblada,des Beatles, mais c'est Patrick Zabé qui se l'est vu confié. On est alors redescendu à Québec pour composer "C'est leur vie". Pour ce qui est de "Ann" en face B, elle est inspirée de "A Day in a Life" pour les accords d'introduction. C'est l'anecdocte d'un jeune (moi) qui a un coup de foudre pour une jeune fille anglaise (Ann) sans qu'elle ne soit au courant. Compliqué l'amour…

Roger Beaudet (guitariste des Versatiles) en rajoute : Le chanteur sur ce 45 tours, Lawrence Alison, a ensuite fait de la musique avec moi durant un bon moment. On formait un trio qu'on avait rebaptisé Les Versatiles entre 1967 et 1971, surtout en tournées dans l’est de la province. Le batteur étant aussi un ex-membre des Versatiles, Denis Manuel Lapierre.

[caption id="attachment_2973" align="aligncenter" width="669"]Seigneurs Les Seigneurs... sans Paskal ( lesgroupesdelabeauce.blogspot.ca ) avec Michel Gilbert (à droite) et Robert Bolduc (1er à gauche).[/caption]

Paskal & les Seigneurs – Tous ces problèmes (LOIR LO8303; 1966)

Léo Roy (auteur de l’essentiel ouvrage La merveilleuse époque des groupes québécois) s’est entretenu avec Bob Chamberland des disques Loir avant son décès et ce dernier n’avait aucun souvenir relié aux Seigneurs. C’est tout dire… Cependant, depuis la diffusion, un blogueur de Beauce nous offre une nouvelle piste et souligne que Les Seigneurs étaient composés de Yvon Poulin, Mario Poulin, Robert Bolduc, Michel Gilbert et Renald Doyon (qui co-signe les titres du 45 tours). Le groupe était originaire de St-Georges-de-Beauce. Grinçant à souhait, l’unique 45 tours du groupe demeure un des plus difficiles à retracer en province!

Si vous avez quelques informations en lien avec ce groupe et cet enregistrement ou si vous êtes un ex-membre de Paskal & les Seigneurs, écrivez-nous et aidez-nous à mettre un terme à ce mystère…

Les disques JEUNAIR: Seulement deux 45 tours extrêmement rares ont été répertoriés sur cette étiquette qui, malgré son nom, n’avait aucun lien avec les musiciens du groupe sherbrookois Les Jeun’Airs. Il s’agit plutôt d’enregistrements effectués aux Studios RM (Radio-Marie) de Cap-de-la-Madeleine (près de Trois-Rivières), gérés à l’époque par les Pères Oblats du Sanctuaire de Cap-de-la-Madeleine.

Bien que ceux-ci supervisaient essentiellement des enregistrements strictement à caractère religieux, leur Directeur artistique le Père André Dumont était un homme de foi assez ouvert merci. En plus d’être responsable de la plupart des messes à gogo sur disques au Québec, il a probablement produit les deux prochains simples et avait même un lien avec un des groupes qu’on va vous présente…

4SMS5_45Les 4SMS5 – Tous les samedis soirs (Jeunair; 1965)

Quatuor de C-d-l-M avec Michel Giroux (orgue, voix, compositions), Jules Bronsard (guitare), René Maurais (basse) et Jean-Guy Giroux (batterie). Ce premier simple avait été pressé sous le nom des 4SMS5 alors que ceux qui suivront jusqu’aux années 80 –tous des pressages privés- seront plutôt crédités aux 4SANS5. Ce pressage de 1965 souffrait peut-être d’une simple faute de frappe…

La 5e Dimension – L’Évasion (Jeunair; mai 1969)

Quatuor de C-d-l-M avec Robert Morrisette (chant), Alain Dumont (g; frère d’André Dumont), Gilles Sévigny (g), Robert Hunter (b) et Luc Robert (batterie). Le livre de Léo Roy indique 1966… mais l’utilisation du wha-wha et les références à la drogue nous incitent plutôt à dater le simple à mai 1969, date estampée sur la copie de notre invité. Le Père André Dumont (Disques RM) signe l’adaptation de la face B, une reprise de It’s all over now baby blue de Bob Dylan.

On retrouverait Alain Dumont peu de temps après en marge de certains albums chrétiens assez aventuriers comme Agapè (c’est lui qu’on voit dans l’insert) et le projet « Des gens comme vous et moi ». Après quelques années de consommation, Dumont s’est ressourcé et est devenu un intervenant spirituel, sobre.

[caption id="attachment_2962" align="aligncenter" width="640"]Les chantels connaissent la gloire dans La Patrie, novembre 1967. Les Chantels connaissent la gloire dans La Patrie, novembre 1967.[/caption] Les Chantels – Tobacco Road (enregistrement LIVE inédit; 1967-1968)

Ces enregistrements ont été découverts par la femme d'Albert Ramaglia, chanteur des Chantels qui utilisait autrefois aussi le pseudonyme de Remy. Par l'entremise de Martin Dubreuil (qui devait se joindre aux Breastfeeders lors de leur passage à en studio), j'ai obtenu une copie de quelques bandes d'époque, enregistrées sur scène entre 1967 et 1968. Avec la permission de leur batteur Jean Laberge et du reste du groupe, nous vous en présentons en primeur un premier extrait. L'introduction du MC aurait audiblement été captée lors des tournées Starovan de janvier-février 1967 ou probablement de 1968 alors que le groupe cottoyait une trollée d'autres artistes devant une foule prépubère et endiablée venue hurler le concert d'adieu des Sultans, aussi présents. Mixée à l'introduction, cette version de Tobacco Road semble toutefois provenir d'une autre performance captée à la même époque.

Nous reviendrons éventuellement sur ces enregistrements après avoir meixu approfondi leur nature avec les membres du groupe. Merci et... chapeau bas messieurs, ça déménage! Entre temps, je vous invite à piquer une visite sur le blogue Vente de Garage pour une rétrospective des enregistrements sur disque du groupe.

Les Z – Pourquoi (Gamma; 1969)

Groupe originaire de Montréal avec Jean-Pierre Rondeau (chanteur), Gaston Lafrance (guitare), Michel Pelchat (basse) et Richard Deschesnes (batterie). L’éphémère groupe yéyé-garage sherbrookois Photoroman s'est attaqué récemment à ce titre!

Les Jeantricks – Le train fantôme (Rusticana; 1966)

Avouez que la batterie et l'orgue à l'avant-plan, ça déchire! BANG… dans ta face! Aucune information n'a pu être retracée à propos de ce groupe. Les copies du 45 tours original semblent être parmi les grandes raretés de la province! Certains doutent même de son existence… En l'absence de copie originale, on ne peut même pas s'avancer sur un crédit de composition alors on sollicite de nouveau votre aide chers collectionneurs!

[caption id="attachment_2958" align="aligncenter" width="300"]Disque-Ton_051965_MusiQAirspp Les Musi-Q-Airs dans le magazine Disque-Ton, mai 1965.[/caption]

Les Musi-Q-Airs – J’ai peur de toi (Musiko; printemps 1965)

Groupe de St-Jean-sur-le-Richelieu qui début vers 1964 avec Réal Fortin (guitare), Denis Nolin (batterie, chant), Louis Jacques (basse) & Luc Girard (saxophone). Les musiciens pressent à leurs frais cet unique simple sur étiquette Musiko avant de se renommer Les Snobs et poursuivre leur carrière sous ce nom. Un des rares exemples de pressages privés pour des groupes québécois des années 60, avec Les Pyramides (ex-Les Stellairs) et Les Valliants.

Les Sinners – Hymne à Zoé (Rusticana; 1967)

[caption id="attachment_2959" align="aligncenter" width="563"]Une der nière photo des Stratones en bonus! Une der nière photo des Stratones en bonus![/caption]

7 décembre 2014: Adieu, bonjour & goodbye!

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adieubonjourgoodbye_WebAujourd'hui, comme l'ont chanté Jacques & Richard, on chante adieu, bonjour & goodbye à plusieurs personnalités légendaires qui nous ont récemment quitté: Jean Béliveau, Paul Buissonneau, Christine Charbonneau, Jean Custeau, Carmen Déziel, Muriel Millard & Pierre Paquette. Ce sera pas triste, promis! Bonne écoute!

10682252_10152445140191143_6984873846366392608_oStéphane Venne - Présent (Sélect; 1970)

Thème composé par Stéphane Venne, relégué en face B de ce rare simple pour l’émission Les Beaux Dimanches.

Thème de Bagatelle (SRC; 1973)

Petit segment télévisé des années 70 qui incluait quelques brèves intermèdes/animations diverses.

Picolo – Histoire de la locomotion (extraits; Fantel; 1975)

Les moments les plus craquants de l'unique long jeu musical Hey Picolo! consacré à son légendaire personnage: la locomotive, le vélo, la moto... du moment qu'ça roule!

Oncle_HerbertOncle Herbert Ruff - Les Égrégores v. électronique (Fantel; 1965)

Plus de 2000 compositions pour la SRC à son actif: la musique de Sol & Gobelet, Fanfreluche ou La Ribouldingue... c'est lui!  Une émission de science-fiction de la SRC diffusée de 1974 à 1975. Souvenir d'une époque où on ne craignait pas de miser sur des séries de genre avec costumes, grands décors et musiques d'avant-garde... Quelqu'un accepterait de partager avec nous un extrait? Ça semble diablement intéressant!

Introduction - Du feu SVP (1969)

Guy Boucher & Françoise Lemieux – Du feu SVP (Jupiter; 1969)

Paul Buissonneau était conseiller artistique pour l'émission qui n'aura qu'une saison...

Michel Brouillette – 58 Special (Select; 1962?)

Extrait du Volume 1, cette pièce swing de J. Stone fut utilisée comme thème de l'émission Le Club des Autographes (1957-1962) qu'animait Pierre Paquette, décédé en septembre dernier. Il s'agissais d'une émission consacrée aux interprètes de la chanson québécoise, avec des performances et de la danse en direct qui a pavé la voie pour une nouvelle ère avec Jeunesse Oblige, Jeunesse d'Aujourd'hui....

Michel Brouillette – Rock a Conga (Select; 1962?)

Une composition de Dave Leon et Jon Sheldon, un extrait du Volume 2.

[caption id="attachment_2994" align="aligncenter" width="300"]Bob Davies. Bob Davies.[/caption]

Jean Béliveau – Message de hockey pour les jeunes (MG; 19??)

Bob Davies – Big John Béliveau (Click; 1963)

Son second hommage à un grand du hockey pour celui qu'on surnommait le Elvis Montréalais; Bob Davies, une légende du rockabilly québécois est aussi tristement décédé en 2011. Allez lire la fascinante entrevue de 2007 du journaliste du Montreal Gazette Dave Stubbs.

[caption id="attachment_2985" align="alignleft" width="120"]Muriel Millard (archives La Presse) Muriel Millard (archives La Presse)[/caption]

Muriel Millard – Rock Rock Rock (Vénus; 1961)

De son premier long jeu, Miss Music Hall, de 1961 sur étiquette Vénus. Je vous propose aussi la pièce titre de son second long jeu de 1962, Show Biz. Cette composition de Millard précède le thème de la carrière musicale à la dure qu'explorerait 8 ans plus tard Denyse Filliatraut en chantant La complainte de Lola Lee pour Demain Matin Montréal m'attend. En guise de dernier rappel, elle demande à Saint-Pierre de performer sur la scène du paradis...

Carmen Déziel – Sois pas cruel (RCA Victor; 1956)

Décédée le 22 septembre dernier à l'âge de 82 ans, Déziel s'est fait connaître par ses versions de nombreux succès français, italiens et américains, tels ces premières adaptations en français des succès d'Elvis Presley (Mes souliers bleus, Ne sois pas cruel), performant dans les cabarets tout au long des années 50 et 60.

Jean Custeau & les Cowboys Célestes – Peluse (Sillons; mars 1972)

Ce sympathique chanteur originaire des Cantons-de-l’Est nous avait contaté en 2013 pour discuter de son tout premier simple d'où est extrait cette face B. Il nous a quitté discrètement en août dernier après avoir produit sept albums entre 1975 et 2011 qui n'ont jamais obtenu de véritable succès auprès du grand public.

Christine Charbonneau – Ma chanson préférée (Gamma; 1968)

Extrait de son troisième album éponyme, réalisé en collaboration avec l’arrangeur François Dompierre. L'année suivante, elle représentait le Canada au Festival de Spa, en Belgique. Au cours des décennies 60 et 70, elle adapterait et cosignerait de nombreuses chansons pour Michel Louvain (La dame en bleu), Renée Martel, France Castel, Ginette Reno, Renée Claude et même la française Sheila. Avec Karo Vallée, il faut admettre que Charbonneau était une des auteures-compositrices les plus prolifiques de ces décennies. Elle est décédée en mai dernier.

Jacques & Richard – Adieu, bonjour & goodbye (Love; mars 1972)

Composition des frères Jacques & Richard Whalen produite par Johnny Pantis. Quelqu'un aurait plus d'informations à leur sujet?

[caption id="attachment_2993" align="aligncenter" width="640"]10511487_820641517974176_1150617538169486249_o Paul Buissonneau à l'ouverture du Théâtre de Quat'sous qu'il fonderait avec Claude Léveillée, Yvon Deschamps & Jean-Louis Millette en 1965.[/caption]

14 décembre 2014: Mondo Palmarès 2014

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Pas l'temps de niaiser! Noel est dans quelques jours et Mondo P.Q. vous propose aujourd'hui son palmarès 2014 des sorties d'albums à saveur rétro et des rééditions québécoises de l'année. Bonne écoute!

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Manny-Jr-and-The-CyclonesThe Typhoons – R.A.C.E. (Disques Manny Jr; 2014)

Quintet rock majoritairement instrumental de la ville de Québec avec Johnny Jaguar (guitare, voix), Manny Jr (guitare, voix) Richard Proulx (basse, voix), Jack (g) et Lucky à la batterie. Avec la parution de leur premier album, Allez-Twist, on découvre un groupe qui excelle dans son émulation du rock instrumental, en pleine lignée historique avec Les Mégatones et Les Versatiles qui les ont précédé quelques décennies auparavant. On vous offre un second extrait en fin de balado: Too much fuzz! Crinquez ça à 11!

Manny Jr & The Cyclones – Rockabilly Girl (El Toto Records; 2014)

Quatuor rockabilly avec Manny Jr (guitare, voix), Manny Sr (guitare), Richard Bourque (basse) & Lucky (batterie). Rockabilly Girl est leur troisième album.

Israel Proulx – Le petit bonheur (2014)

Le Jerry Lee Lewis du Québec a aupravant fait ses armes au sein des Howlin' Hound Dogs puis Iz & the 3 Alley Kats & Israel Proulx & the Two Tone Rockers. Depuis cet été, il est présent en formule trio au Bar Chez l'Autre, voisin du Capitole de Québec, avec Manny Jr (guitare) et Phillipe Binette (batterie). J'ai pu assister à leur performance cet été et croyez-moi: ça déménage! Cette version de la mythique chason de Félix Leclerc est tirée de son plus récent CD, Shake Baby Shake, vendu exlusivement aux concerts de Proulx, qui propose un enregistrement live de ses plus grands succès.

lewLew Phillips – Mister Colter (avril 2014; Rhythm Bomb Records)

Premier québécois recruté par le label rockabilly allemand Rhythm Bomb Records, Phillips a publié son premier album éponyme en avril dernier. La réalisation de ce dernier a été confiée à Michel Dagenais (Howlin' Hound Dogs), responsable du récent succès de l'album Chic de ville de Daniel Bélanger.

[caption id="attachment_3015" align="aligncenter" width="640"]Première compilation au profit du Musée du Rock'n'Roll, incluant des reprises par Les Breastfeeders, Les Saints, Ultraptérodactyle, Les Deuxluxes et bien d'autres... Première compilation au profit du Musée du Rock'n'Roll, incluant des reprises par Les Breastfeeders, Les Saints, Ultraptérodactyle, Les Deuxluxes et bien d'autres...[/caption]

Les Deuxluxes – J’en ai assez (St-Rock ; 2014)

Le duo formé d'Anna-France Meyers & Étienne Barry adapte le 45 tours du groupe Les Dabsters. Poursuivez votre écoute en découvrant leur EP, Traitement Deuxluxes.

Ultraptérodactyle – Les mets chinois (St-Rock ; 2014)

Power trio montréalais formé en 2008 qui donne dans le post-garage-punk avec Pierre-Antoine Von Gogöl (voix, guitare), Matt Sabbath: batterie) et Dorothée PR (basse, voix). À ma connaissance, il s'agit de la première reprise de ce 45 tours! Pas pire pour des dinosaures...

claude_léveillée

aut'choseClaude Léveillée & André Gagnon – Escalade ( Columbia; 1967 / Audiogram; 2014)

Réédition de l'album 1 voix 2 pianos de 1967. Léveillée/Gagnon (1965) avait été réédité il y a qqs temps...

Aut’Chose - Les pays d'en haut (Amusic; 2014)

Extrait du coffret Chaud comme un juke-box, PREMIÈRE réédition du catalogue de Aut’Chose en 40 ans! En l'absence des bandes maîtresses originales, on se contentera donc d'une réédition à partir des vinyles. BRAVO à Ronald Mc Gregor pour ses recherches et la réalisation du coffret.

cocksessionsSpecial Guests - Tell me (Canned Peaches; 1975 / 2014)

Special Guests – Days of old (Canned peaches; 1975 / 2014)

Extrait de ce qui a été intitulé The Cockroach Sessions, enregistrées au Studio Six de Montréal sous la supervision de l'ingénieur Quentin Meek à qui ont doit cette redécouverte. Le groupe Special Guests était constitué de musiciens québécois et américain. À travers les influences de CSN&Y ou des Moodie Blues, on note la présence de Serge Locat (Harmonium) au Mellotron et Gilles Valiquette à la guitare sur Days of Old.

[caption id="attachment_3012" align="aligncenter" width="1100"]Les Sceptres sur scène ( sceptres.ca ) Les Sceptres sur scène ( sceptres.ca ).[/caption]

The Sceptres – Don't hang me up girl (Pacemaker Entertainment; 2014)

Réédition anthologique à partir des bandes pour ce groupe pop de Pointe-Claire fortement influencé par The Four Seasons. On y découvre une bonne recherche, une biographie détaillée, plusieurs photos inédites dont de nombreuses avec le producteur montréalais Martin Martin et au moins 3 titres inédits. Dans l'ensemble, le son est excellent… sauf malheureusement sur les deux 45 francophones du groupe. Wha' happen?

météoreMétéore – Pretty girl (2012)

Comme on repousse exceptionnellement notre mandat initial aujourd'hui, j'ai pensé conclure cette heure en revenant sur un projet contemporain fort intéressant qui avait été porté à notre attention il y a déjà 2 ans... Mieux vaut tard que jamais! Météore est le projet musical de François Chicoine (Le vent des années 60) et de Alain Karon (Les Taches). Meteore revisite le terroir musical du Québec des années 60 avec Les Lutins, les Sultans, Les Houlops, M2+AC, Les Misérables et même Danger! Découvrez le reste de l'album ici.

21 décembre 2014: Chants du terroir & reels psychadéliques sous le sapin

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CultureVivante_Cailloux0002 copy

[caption id="attachment_3059" align="aligncenter" width="640"]CultureVivante_Cailloux0002 copy Les Cailloux, 1966.[/caption]  

Cette nouvelle Spéciale du Temps des Fêtes puisera dans les vallons du folk traditionnel québécois, les ritournelles des joies de l’hiver, les reels psychadéliques (sic) de Tony Roman et quelques rares 45 tours de Noël méconnus! Merci au collègue Marc Bolduc de l’émission Tradosphère et du blogue Tradotronik pour ses suggestions et interventions au micro! Joyeux Noël & Bonne année; on se retrouve en 2015!

Nos précédentes Spéciales des Fêtes sont toujours disponibles – plaisirs contagieux GARANTIS!

Et maintenant, revenons à notre édition 2014...

PC070340Les Jérolas – En ski-doo (Bombardier; 197?) Le Nouvel Ensemble Folklorique – Reel de la Grosse Jeanne (A1; 1968)

Explorez la fascinante série Freak-Out Total orchestrée par les musiciens Tony Roman, Michel Pagliaro, Denis Lepage & Andy Shorter pour Noël 1969 en lisant/écoutant l’article de ce blogue sur les Reels Psychadéliques Volume 1 & 2.

Lévis Bouliane et ses Blue Stars - Le twist des Fêtes (Météor; 1959 / 1962) Irene Mc Neil – Le Rock’n’Roll du Père Noël (London; 1957)

À ne pas confondre avec la chanson de Marcel Martel du même titre. Mademoiselle Rythme adapte plutôt ici une chanson de l’américaine Patti Page, Boogie Woogie Santa Claus.

Le Nouvel Ensemble Folklorique – La ballade de Rose & Alfie (A1; 1968) Extrait du volume 2 des Reels Psychadéliques, aussi publié en 45 tours sur Révolution. MON00714 zelkinAlexandre Zelkin – Les Raftsmen (Monitor Records; 1958???/1967)

Chansonnier, globe-trotter et photographe Lyonnais qui déménage au Québec en 1966. En plus d’être signé sur Capitol, il publiera 2 albums pour l’étiquette newyorkaise Monitor Records dès 1967. Cette relecture des Raftsmen est tirée de son premier, La belle province Québec: French-Canadian Folk Songs impeccablement réédité il y a quelques années par l’étiquette Smithsonian Folkways. Voyez la jolie dédicace dessinée pour ma copine lors de son passage à la boîte à chanson La Relève à Michaud dans les années 70.

Marthe Fleurant - La fête au village (Vedettes; 1968) Composition de Jimmie Driftwood, adaptée par Marcel Lefebvre. Karo Vallée nous confiait aussi avoir participé à cettte face B d'un simple extrait de l'album La Bolduc 68. Publicitié Bombardier - L'escadrille Moto-Ski (Bombardier; avril 1975) 51U5FvEID7L._SY355.jpgJean Robitaille – On ne devrait pas mourir avant Noël (Ballade; 1971)

Merci à Benjamin Gauthier pour cette fascinante découverte! Il s’agit fort probablement du premier 45 tours du future compositeur de la musique des Beaux Dimanches, totalement dans les sillons de Robert Charlebois. Amenez-en d’autres des critiques aussi inventives et toujours actuelles du Temps des Fêtes!

Dominic Tremblay & Phillipe – Yes a Pichou (Polydor Medium; 1973)

Violonnistes influents du tournant des années 60-70 qui publièrent un unique album en duo, Ça roule, dans une scintillante pochette argentée rappelant leurs singuliers instruments en stainless steel.

Monique Miville-Deschesnes - Iesos Ahatonnia (Gamma 1969; Alpec 1974)

Cette pionnière de la scène des Chansonniers, originaire de Saint-Jean-Port-Joli dans le Bas St-Laurent, fait ses débuts en 1954 en oeuvrant auprès de Raoul Duguay avant de rejoindre quelques années plus tard Félix Leclerc avec qui elle chantera quelques rares duos. Après avoir participé à l’album Le Noël des Chansonniers (Sélect; 1965), elle publiera son troisième album en 1969 d’où est tiré ce chant de Noël Huron. Visitez son site Web.

[caption id="attachment_3067" align="aligncenter" width="627"]Monique Miville-Deschênes Monique Miville-Deschênes[/caption] 26-05Les Cailloux – Y'a d'la joie (Coca-Cola; 1965) En 1965, Coca-Cola eut la brillante idée de recruter une pléiade d’artistes Québécois pour sa champagne publicitaire basée en partie sur différentes adaptations de la chanson de Charles Trenet, Y’a d’la joie. Les Cailloux ainsi que Les Quatre-20 ont chané l’effervescent liquide brun. Découvrez et écoutez l’histoire complete de ces ritournelles ici. Les Cailloux – Mon canot d’écorce (Capitol; 1966)

Comment resister au folk entraînant des Cailloux bercé par ces 4 puissantes voix en parfait harmonie de Jean-Pierre Goulet, Robert Jourdain, Yves Lapierre & Jean Fortier? Populaire entre 1962 et 1968, le quatuor effectuera plusieurs tournées internationales en plus d’animer sa propre émission sur les ondes de Radio-Canada en 1967.

Les Quatre-20 - Y'a d'la joie (Coca-Cola; 1965) Les Quatre-20 - In Folkloribus Rebus (Columbia; 1965)

Seule composition du groupe formé de Gilles Fafard, Denis Laurendeau, Pierre Fillion & Yves Laferrière (future member de Contraction et du VEBB). Cet extrait ouvre leur second long jeu éponyme.

Roger Beaudet & ses amis -Santa Claus is coming to town (Mérite; 1966 / 2006) Roger Beaudet & ses amis - Sleigh ride (Mérite; 1966 / 2006) Un merci tout special à Roger Beaudet, guitarist des Versatiles et de nos jours pour Les Méga-Versa, pour cette redécouverte! Il precise: Fin 1966 , je reçois un coup de fil de Denis Pantis, qui me demande si j’étais disponible pour faire un album de Noël à la guitare. J’accepte et réunis des amis musiciens des groups Les Intrigantes ainsi que Michel Mars & les Katres: Ginette Douville (batterie), Denis Gingras (guitare), Yves Gingras (basse) et Diane Gallichand (guitare). Je me mets aux  arrangements, on pratique et on part enregistrer le tout au studio RCA à Montréal.  Les années passent…

Un soir  de novembre 1972, en feuilletant le journal de Québec, j’y découvre  une pleine page annonçant la sortie de deux albums de Noël, dont un -surprise!-  avec Noël à la guitar avec Roger Beaudet. Dès le lendemain,  je m’empresse de rejoindre le bureau du producteur pour en acheter quelques exemplaires. Je communique avec la maison de disque pour me faire dire que les bandes maîtresses avaient été égarées. Ben voyons donc…

Près de 40 ans plus tard, je me pointe au Festival Rétro de Joly et Denis Pantis est assis en face de moi. Soudain il s’écrit : on a découvert le master de ton album de Noël! C’est vraiment bon et on a décidé de le sortir cette année.  Deux ans plus tard , les disques Mérite ont lancé deux albums de Noël : Le premier Noël à la guitare avec Roger Beaudet et ses amis comprend quatre pièces de mon fameux album, quatre pièces de Denis Champoux,   ainsi quelques unes des Jaguars et de quelques autres… Le second, Party de Noël, mentionne aussi mon nom mais la pièce annoncée n’est pas sur l’album…


Paskal & les Seigneurs – Tous ces problèmes / Je ne devrais pas y penser (Loir; 1967)

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[caption id="attachment_2973" align="aligncenter" width="669"]Seigneurs Les Seigneurs… sans Paskal ( lesgroupesdelabeauce.blogspot.ca ) avec Michel Gilbert (à droite) et Robert Bolduc (1er à gauche).[/caption] [caption id="attachment_3039" align="alignleft" width="200"]Michel Gilbert Michel Gilbert[/caption]

50 ans après les premiers remous YéYé, il y a de ces artistes et groupes qui demeurent des mystères pour les collectionneurs les plus férus… Ça pimente nos enquêtes et c’est tant mieux! Ainsi, pendant plusieurs décennies, rien ou presque n’avait été publié sur le nébuleux groupe Paskal & les Seigneurs qui semblait échapper aux historiens du rock’n’roll comme Léo Roy (La fabuleuse époque des groupes des années 60; Rétro-Laser; 2003) et Richard Baillargeon (Québec Info Musique; Sarma; magazine Rendez-Vous). J’ai récemment contacté ces derniers avant de diffuser le 45 tours pour notre Spéciale Garage avec Michel Alario.

L’étiquette Loir n’a publié que trois simple entre 1966 et 1968, tous convoités par les amateurs de rock garage brut. En plus de Paskal et Les Seigneurs, on y retrouvait Les Odds et Les Stratones, deux formations de la ville de Québec. Roy avait pu rencontrer l’impresario Robert Bob Chamberlan des Disques Mars, Loir et Clan peu avant son décès en 2013. L’homme avait signé bon nombre de groupes à succès dans les années 60 comme Les Gants Blancs ou Les Sextans et avait de bons souvenirs de ses formations les plus méconnues… sauf pour Paskal & les Seigneurs qui le médusaient toujours. Comme leurs collègues chez Loir, Chamberland n’avait pas souvenir d’eux… On ne pouvait s’entendre que sur un détail : le groupe devait être originaire de la région de Québec… sans plus. Consultez le blogue La Mémoire Retrouvée pour découvrir les 45 tours des Odds et des Stratones.

En diffusant le 45 tours, j’ai été aiguillé vers le site Les groupes de Beauce réalisé par Gilles Loignon qui diffusait une affiche plus tardive du groupe. C’est en échangeant avec des membres de sa page Facebook que j’ai rapidement été contacté par des cousins des musiciens et ultimement par Michel Gilbert, batteur pour Paskal & les Seigneurs, qui a généreusement offert de répondre à nos questions afin de mettre un terme au mystère entourant son ancienne formation.

Le groupe était originaire de Saint-Georges de Beauce et a fait ses débuts en 1966 avec Ghislain Paskal Grenier (chant), Robert Bob Bolduc (guitare solo), Rénald Doyon (basse), Émilien Steve Bergeron (orgue) & Michel Gilbert (batterie). Le groupe a adopté le nom Paskal & les Seigneurs à la suggestion de leur gérant, Réjean Rancourt. Grenier n'était pas leur seul à utiliser un pseudonyme. Le guitariste Robert Bolduc s'était renommé Bob Harrison en l’honneur de son Beatle préféré, George Harrison, et c'est ainsi qu'on le créditerait sur l'étiquette. On y notait d'ailleurs aussi la présence de C. Harrison sur l’étiquette du 45 tours, mais ça.. c’était une erreur de Loir qui devait créditer notre reprise en face B au Beatle, nous confiait Gilbert (c’était en fait une composition du duo Lennon-McCartney).

Loir_Seigneurs_1En plus de participer à plusieurs jamborees d’orchestres, le groupe a souvent joué au Centre Social de Saint-Georges de Beauce et les hôtels des environs en plus de tourner à Rimouski, Mont-Joli, Matane, Cap-Chat, Rivière-au-Renard, Haute-Rive et Baie-Comeau.

Gilbert se souvient : Dans le temps on jouait surtout des tounes commerciales et américaines du hit parade, les chansons les plus populaires du temps. Après le premier set à l'hôtel où nous jouions un soir, tout allait super bien. On recommence le deuxième set mais là il s'est passé quelque chose d'imprévu. Je plaçais deux spots de lumière près de ma batterie pour avoir un bel effet, tout à coup au beau milieu d'une tune, je me suis rendu compte qu'il y avait de la fumée. Je me suis alors penché pour essayer de voir ce qui se passait et à ma grande surprise le feu était pris à mon bassdrum! Je l'ai rapidement lancé sur la piste de danse et éteint. Plus de peur que de mal : personne de blessé heureusement. J’ai pas eu le choix de terminer la soirée avec seulement mon snare et mes cymbales. Je peux vous dire que ma soirée n'a pas été très payante… ahaha

[caption id="attachment_3046" align="alignleft" width="250"]Les Switchs à la fin des années 60. Les Switchs à la fin des années 60.[/caption]

C’est leur gérant qui convaincra Chamberland de les signer sur Loir. Contrairement aux Odds et aux Stratones qui réaliseront leur unique simple aux studios StéréoSound de Montréal, Paskal et Les Seigneurs visiteront pour leur part un studio de Lévis pour enregistrer leur composition, Tous ces problèmes, et une reprise des Fab Four, Je ne devrais pas y penser. Leur simple serait le troisième et dernier à être pressé sur Loir. Malheureusement, le groupe se séparerait peu de temps avant que son 45 tours ne soit publié; en conséquence, Chamberland n’aurait commandé que 250 exemplaires du simple, redistribué à raison de 50 copies pour chaque membre du groupe. Du lot, plusieurs copies furent perdues dans un incendie quelques années plus tard et Michel Gilbert n’en possède aujourd’hui qu’un seul et précieux exemplaire… Rare, dites-vous?

Suivant la publication du 45 tours, Ghislain Grenier et Émilien Bergeron quittent et sont remplacés par Mario & Yvon Poulin. Cette nouvelle mouture sera simplement connue sous le nom Les Seigneurs et poursuivra ses activités pendant 8 à 12 mois. Au départ de Mario & Yvan Poulin, le groupe accueillera pendant un temps Diane Pomerleau (guitare, chant). Lorsque cette dernière déclara forfait, on eut tôt fait de recruter Richard Greniser (basse) et d'opter pour un nouveau nom: Les Switchs. Quelques-uns des musiciens poursuivraient leurs carrières musicales respectives, mais pour Gilbert, c’était la fin et le bon moment pour se réinventer, professionnellement parlant.

Si les autres 45 tours Loir offrent chacun une face A originale et grinçante à souhaits, celui de Paskal et Les Seigneurs ne fait pas exception et le rock primal de Tous ces problèmes a de quoi secouer! Cette composition de Bolduc/Harrison et Doyon est lancinante et sonne aussi heavy que celles de leurs autres collègues chez Loir. Après une courte et cinglante introduction qui n'est pas sans rappeler l'hymne national, on y troque le fuzz au profit d'un orgue grinçant, d'une prise de son par moments saturée et d'un solo de guitare parmi les plus déments. Intense! Soyons honnêtes, dans l'ensemble, ce titre sonne brouillon et le mix étouffe la batterie au profit de la guitare rythmique, mais ce ne sont pourtant pas ici des défauts. Bien au contraire! Le phlegme de ces musiciens est authentique et ils vous balancent à la figure un véritable diamant brut du rock garage québécois! C'est sale comme c'est bon!

Pour l'anecdote, j'ai dû partager Tous ces problèmes sur une autre plateforme que Soundcloud qui soulignait qu'une étiquette américaine (bootleg) détenait les droits sur ce titre et m'interdisait du coup la libre-diffusion du titre. Or, rien n'est plus faux et au nom des musiciens originaux, j'ai opté pour contester cette décision. En attendant la fin du litige, je vous la proposerai donc sur YouTube.

Au revers, le groupe adapte You got to hide your love away des Beatles et le résultat est plus qu'honnête, sobre solo d'orgue en prime et un Hey! en finale qui nous rappellent l'aspect rugueux de la formation qui semblent déjà prêt à enchaîner une pièce plus percutante.

Je tiens à remercier Michel Alario pour la numérisation, Robert Thérien, Michel Gilbert, Gilles Loignon ainsi que les proches d'ex-membres des Seigneurs pour leur collaborations! Si vous avez d'autres anecdotes/documents à ajouter à cette courte biographie, écrivez-nous!

18 janvier 2015: Le catalogue rock d’Yvon Deschamps

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deschamps copy10922509_10152550658946143_9171839541029565602_nL'heure d'aujourd'hui sera en quelques sortes un complément à la récente compilation-hommage imaginée par ICI Radio-Canada, intitulée Deschampsons et qui mise sur les chansons popularisées par le légendaire humoriste. L'album sera officiellement lancée le 3 février prochain et offrira 11 chansons revisitées par une pléiade d'artistes. Pour l’instant toutefois, nous nous concentrerons essentiellement sur le catalogue rock de Deschamps, revenant sur ses productions de 1968 à 1976.

À la suite des récents attentats en France et au Nigéria, je me suis dit que notre monde avait plus que jamais besoin d'une bonne dose de satire... et aucun artiste québécois n'a réussi à analyser par l'humour des événements aussi tragiques et parfois tabous que Deschamps. Avec lui, c'est pas parce qu'on rit que c'est drôle... Pis quand il se lâche lousse avec Vos Voisins, ça brasse pas à peu près!

Merci à Serge Paquin, HiFiChet et Gaétan Bricault pour leurs généreuses contributions. Bonne écoute!

feuroulantYvon Deschamps – Les caricaturistes (Radio-Québec; 1974)

Entrevue avec Deschamps à propos du métier de monologuiste, tirée du coffret éducatif de 7 disques « Feu Roulant », une co-production du Ministère de l’Éducation et de Radio-Québec.

Yvon Deschamps – La vie (Kébec Disc; 1974)

Une des plus poignantes introductions au spectacle de Deschamps, composée par Jacques Perron et Deschamps pour l’album « Bill 22 » (Loi sur la langue officielle qui mènera éventuellement à la Charte de la langue française).

Yvon Deschamps – Allo, salut (Kebec Disc; 1973)

Introduction musicale pour le spectacle Allô, salut, comme ça va? qu’on retrouvera sur l’album La libération de la femme.

Deschamps_CharlotteYvon Deschamps – La grosse Charlotte (Polydor; 1969)

Premier simple en solo, co-composé avec Jacques Perron (Vos Voisins). La production orchestrale étoffée est d’Yves Lapierre. Superbe! On sent particulièrement la transposition d’un monologue décapant de Deschamps sur la trame musicale : ici, le monologuiste personnifie un bully pour nous parler d’un sujet toujours d’actualité, l’intimidation.

Yvon Deschamps – Le sens de l’humour (Radio-Québec; 1974)

Yvon Deschamps – Allo, Allo (Polydor; 1971)

Second 45 tours de Deschamps (co-écrit avec Perron), cette fois avec Vos Voisins en accompagnement.

[caption id="attachment_3094" align="aligncenter" width="772"]Judy Richards, Yvon Deschamps & Vos Voisins avec Bill Gagnon (Archives: Serge Paquin). Judy Richards, Yvon Deschamps & Vos Voisins avec Bill Gagnon (Archives: Serge Paquin).[/caption]

unionsExtrait – Les ressources, richesses du Québec (BanQ; 1968/2012)

Sketch tiré du spectacle L'Osstidcho, présenté au Théâtre de Quat'Sous le 20 juin 1968. Longtemps considérées perdus, ces enregistrements ont été numérisés et sont offerts GRATUITEMENT sur le site de la BanQ. Si ce n'est pas déjà fait, allez tendre l'oreille.

Yvon Deschamps – Le monde sont malades (Polydor; 1969)

Extrait du premier long jeu, Les unions qu’ossa donne, avec sa pochette typographique parmi les plus icôniques du Québec! Pour son premier album, Deschamps bénéficie de l'accompagnement des musiciens du Jazz Libre du Québec, qui en plus d'avoir collaboré à l'Osstidcho, contribuaient parallèlement aux albums de Robert Charlebois, Louise Forestier et même Luc & Lise (Double Jeu).

PUBLICITÉ - Yvon Deschamps – Oxfam (1973)

osstidchoMouffe, Charlebois, Deschamps & Forestier – Down in the south (Gamma; 1969)

Extrait du 45 tours La fin du monde / Down in the south, sertie d’une pochette-photo blanche évidemment pour rappeler les costumes des comédiens de l’Osstidcho, déjà un clin d’oeil à l’hostie.

Yvon Deschamps – La honte (Polydor; 1970)

Extrait de l'album Le p'tit Jésus / Le foétus, sur lequel la composition du groupe Vos Voisins se modifie quelque peu pour accueillir Judy Richards et Bill Gagnon (VEBB). Ce dernier nous écrit: Oui J'ai été avec Louise et Yvon (15 spectacles) et puis avec Yvon seul par la suite en 1969 pour 90 spectacles au Patriote.En 1970, j’ai participé à quelques 225 spectacles dont trois mois consécutifs à la Place des Arts.

[caption id="attachment_3098" align="alignleft" width="120"]Pochette interne "Le Foetus". Pochette interne "Le Foetus".[/caption]

Yvon Deschamps – J'en peux plus (Polydor; 1971)

Extrait blues-rock de l’album Cable TV.

Louise Forestier – Comment comment? (Gamma; 1968)

Des paroles de Deschamps sur une trame musicale de Jacques Perron. En plus d'écrire ses propres chansons, Deschamps a aussi adapté à la même époque With a little help from my friends des Beatles pour Donald Lautrec.

Mouffe, Charlebois, Deschamps & Forestier – La fin du Monde (Gamma; 1969)

25 janvier 2015: En Mondovision!

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Loving-and-Laughing-stills-Boston-Bruin-Derek-Sanderson-publicity-event-Sept.-23-1970-31

[caption id="attachment_3118" align="aligncenter" width="640"]Loving-and-Laughing-stills-Boston-Bruin-Derek-Sanderson-publicity-event-Sept.-23-1970-31 Céline Lomez, le hockeyeur Drek Sanderson (Bruins de Boston) & André Lawrence en conférence de presse pour le film Loving & Laughing / Y'a plus de trou à Percé (cinepix.ca ; 23 septembre 1970).[/caption]

Depuis notre première édition de 2012 en hommage aux trames musicales de films québécois, il nous tardait de revenir sur le sujet! Le moment est bien choisi: c'est la saison des galas de l'industrie cinématographique et depuis l'automne dernier, on redécouvre la maison de production montréalaise Cinepix par l'entremise de la biographie de son co-fondateur, John Dunning, et la publication d'un site Web anthologique fascinant: cinepix.ca. L'émission d'aujourd'hui sera donc entièrement dédiée à quelques-unes des plus efficaces bandes sonores des années 60-70 avec une première demi-heure dans les sillons de Cinepix. Ça va êt' sexé!

RECHERCHÉ: Je n'ai pas encore eu la chance de voir le long métrage L'Amour Humain. Si quelqu'un avait une copie à partager ou à échanger, contactez-moi. Entre temps.. Bonne écoute!

ILETAITUNEFOISDANSLEST_45INDICATIF – La flèche noire de Robin des bois (1958)

Merci à Michel Picard et Robert Thérien pour ce rare disque 'transcription' destiné à une campagne publicitaire radiophonique.

Jacques Perron – Intermède (Disques Sol 7; 1974)

45 tours proposant deux titres entendus dans le long métrage d’André Brassard, Il était une fois dans l’Est, inspiré de l’œuvre de Michel Tremblay. Arrangé par Claude Lafrance & Perron. Louise Forestier chante le thème en Face A.

Patsy Gallant - Mama should have told me (Initiation; 1970)

Extrait de la version anglaise de la bande son de.. The Initiation, composée par François Cousineau.

MPW-95235Cousineau, Lefebvre & Chapados – La machine à faire l’amour (Initiation; 1970)

Extrait du film « L’Amour Humain » par François Cousineau, Marcel Lefebvre & Jean-Guy Chapados que nous avions redécouvert par l’entremise du blogue Psyquébélique. Un titre curieusement non-compilé sur l'excellent album Les plus belles célèbres musiques de films du Québec de François Cousineau qui offrait déjà des titres extraits des longs métrages L'Amour humain, L'initiation, Le diable est parmi nous et... 7 fois par jour.

Sharon Lee Williams – Loving & laughing (GAP; 1971)

Des versions anglaise et française de cette bande sonore existent, mais mis à part les photos sur la pochettes et l'ordre des titres, rien n'est différent à l'écoute. Sharon Lee Williams interprète le thème du film et partage la vedette avec Patsy Gallant qui chante la version française, Nous irons ensemble. La montréalaise Williams a été choriste pour plusieurs artistes en plus d'être coach récemment à l'émission Canadian Idol.

03_en_love-in-a-four-letter-world copyPaul Baillargeon – Cago 9 (GAP Records; 1970)

Du film Love in a 4 letter word / Viens mon amour, aussi publié en 45 tours. Ce freak rock dramatique aux cuivres franchement bien calibrés acompagne une scène où le père du personnage interprété par Candy visite un party hippie, accepte une pilule dans son verre de punch et embarque dans un trip hallucinant... La bande sonore n'a jamais fait l'objet d'une réédition, mais récemment, on retraçait Cago 9 sur la compilation Freak-Out Total Vol. 33 (Mucho Gusto Records) de 2011.

Diane Dufresne – J’ai besoin de ton amour (GAP; 1971)

Extrait du film « 7 fois par jour », un film de Denis Héroux, co-produit par le Canada et Israel. On retrouve plusieurs chansons de ce film et d'autres interprétées par Dufresne sur Les plus belles célèbres musiques de films du Québec de François Cousineau, en quelques sortes son premier véritable long jeu avant Tiens-toi ben j'arrive (1972).

L'Inphonie 45t Cinak Face 2INDICATIF – Le Roi Cruel (1958)

L’Inphonie avec Denis Lepage - This ain’t no cinerama, baby (Cinak; 1970)

On l'avait diffusé fébrilement en 2012 après l'avoir numérisé directement du film La Chambre Blanche de Jean-Pierre Lefebvre (Q-Bec my Love), ne sachant même pas qu'un pressage vinyle existait. Une rareté qui depuis a été analysée par Simon M. Leclerc du blogue Psyquébélique grace à une entrevue avec Walter Boudreau, figure de proue de l'Infonie, et la découverte du rarissime 45 tours.

Les Choeurs - Mustang (Deram; 1975)

Thème de Gilles Gauthier & Marcel Lefebvre orchestré par Yves Lapierre pour le premier film Western québécois, Mustang, mettant en vedette Willie Lamothe, Bobby Hachey et Nanette Workman pour ne nommer que ceux-ci.

Lise Thouin – L'amour ça ne se commande pas (Capitol; 1972)

Chanson tirée du long métrage de Jean-Claude Lord, Les Colombes.

[caption id="attachment_3116" align="alignleft" width="120"]Jay Boivin & Germain Gauthier, 1979. Jay Boivin & Germain Gauthier, 1979.[/caption]

Germain Gauthier & Jay Boivin – Summer magic (Celsius; 1980)

Le site Canuxploitation revenait en 2012 sur ce film et sa bande sonore. Grâce à la montréalaise Kier-La-Janisse (Blue Sunshine Cinema), le disque fut remasterisée par Jay Boivin pour être enfin disponible sur CD & iTunes. BRAVO!

André Champagne – Montage (inédit; 1966)

Tourné à Montréal et St-Sauveur en 1966, mais publié à l'été 1968, le long métrage d'horreur «Playgirl Killer» offre des caméos de Neil Sedaka et des montréalais JB & the Playboys (The JayBees)! On y retrouve aussi la chanteuse et comédienne Andrée Champagne dans le rôle de la chanteuse de cabaret Nikki dans une suave performance aux côtés du Armando's Continental au Royal Embassy Hotel de Montréal. C'est chic et envoutant comme c'est pas permis. Curieusement, la chanson n'a jamais été endisquée par Champagne.

1er février 2015: Live, à soir, queq’part!

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stax

VEBB_tournée_Players copyAujourd'hui, on mise essentiellement sur des prestations live des années 60-70 pressées sur vinyle avec quelques primeurs au passage. Ce sera cru, sans retouche, authentique pis en sueurs! Bonne écoute!

Robert Charlebois - (Télévision Suisse; 1973)

Voici un extrait d'une des performances les plus tight qu’il m’a été donné de voir, un film d'archive capté par la télévision suisse de Genève en 1973. Robert Charlebois, en grande forme, bénéficiait à l'époque de la CRÈME de la CRÈME des musiciens québécois, la plupart participant déjà au supergroupe Ville Émard Blues Band. Merci à mon donateur!

[caption id="attachment_3128" align="aligncenter" width="640"]Gants blancs (1) copy Ça claque... avec les Gants Blancs![/caption]

Les Gants Blancs – Blue jeans & blousons de cuir (1964) Les Gants Blancs – Jolie fille (1964)

Qu'avons-nous là?! Probablement les premiers documents audio en lien avec un des tous premiers groupes de Gerry Boulet! Le groupe avait débuté en 1964 et ces enregistrements seraient de la même année. J'ai cru comprendre qu'un ex-technicien radio en avait diffusé une douzaine de titres, tous issus de sa collection personnelle, il y a quelques années lors d'un passage à la radio québécoise. L'historien Robert Thérien qui a généreusement partagé ces titres (merci!!) avait pu enregistrer quelques minutes de cette émission, au passage.

Comme nous n'avons aucun renseignement supplémentaire sur l'origine de ces bandes, nous lançons un appel à tous! Aidez-nous à identifier et retracer le propriétaire des bandes en nous écrivant.

classels_69Les Classels – Oh Dolorès (Trans-Canada; 1969)

Extrait du dernier long-jeu du groupe à quelques mois de son implosion, en spectacle au Théâtre des Variétés! Audacieux!

Les Sultans – Pour qui, pourquoi (DSP; 1968)

Le disque pop le plus inaudible jamais publié au Québec? Possiblement! La rumeur voudrait que cet enregistrement du spectacle d'adieu des Sultans lors d'une tournée Starovan de 1968 existent sans les cris stridents suramplifiés... Le groupe mériterait un chant du cygne mieux produit.

[caption id="attachment_3132" align="aligncenter" width="882"]stax Michel Stax et ses musiciens aux Studios RCA, 10 avril 1974.[/caption] Michel Stax – Don't be afraid (Totem; 1974)

Melody Stewart – Rock'n'Roll Hoochie Koo (Totem; 1974)

Publiée simultannément et disponible individuellement ou en combo, cette double-performance de Stax et Stewart dans les studios RCA de Montréal offre des moments soul-rock décapants!

Michel Pagliaro – J'ai marché pour une nation (RCA; 1973)

Extrait d'un double-album enregistré à l'été 1973 alors que Pagliaro était accompagné occasionnellement par Les Rockers.

[caption id="attachment_3127" align="aligncenter" width="640"]expedition Expédition.[/caption]

vebb_album_01Expedition LIVE – Miles away (CEGEP; 1971)

Le son d'un excellent spectacle blues-rock présenté devant les étudiants du CEGEP du Vieux-Montréal.

VEBB – You and your mother (Funkébec; 1973)

Célébrons l'un des plus grands albums live produit au Québec, le bootleg auto-produit Minute! Le Ville-Émard s'en vient / is coming.

Claude Léveillée – La froide Afrique LIVE (Manoir; mai 1976)

Quelle superbe production pour la prose dramatic-prophétique de Léveillée; un extrait de l'album-double Place des Arts 76.

15 février 2015: Mondo P.Q. souligne le mois de l’Histoire des Noirs.

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raphael_elmonto

[caption id="attachment_3153" align="aligncenter" width="640"]beetlers Big John & The Beetlers[/caption]

Comme c'est février, j'ai pensé vous offrir une programmation métissée serrée pour souligner le mois de l'histoire des Noirs et mettre en lumières plusieurs contributions d'artistes noirs québécois des années 60 à 80. On passera du soul au R&B sans oublier le folk (oui, oui!), le funk et la kompa! Bonne écoute!

Pour comprendre d'avantage l'apport des Noirs au patrimoine musical québécois, je vous invite à découvrir notre entrevue en 2 partie avec l'incontournable Pierre Perpall. Poursuivez votre exploration en découvrant du même coup la série Quebec Soul du blogue Vente de Garage de Félix B. Desfossés, journaliste à qui nous devons les plus récentes recherches dans les genres R&B, soul et funk.

The Hot Toddy's – Rockin crickets (Barrel; 1959)

Un des premier simple des Hot Toddy's, publié en 1958 aux USA et réenregistré l'année suivante pour un pressage canadien sur deux étiquettes dont celle-ci.. Barrel.

Big John & the Beetlers – Big John's twist (Rusticana; 1963)

Ontarien d'origine de la région de Niagara Falls, Big John fait partie des artistes R&B qui font le va-et-vient entre le Canada et les États-Unis. Ses visites à Montréal semblent l'inciter à s'établir ici au début des années 60 ou du moins à faire presser ses long-jeu ici. Rusticana publiera d’abord leur album sous le nom de Big John & the Hot Toddy's avant de le presser de nouveau parallèlement avec la Beatlemania, cette fois sous le nom Big John & the Beetlers.

teddynashGeorges Thurston – Hors de moi (Visa; 20 octobre 1968)

Tout premier simple pour ce jeune interprète, qui rejoindrait le groupe Le 25e Régiment quelques mois plus tard et amorcerait au milieu des années 70 une nouvelle phase sous le nom de Boule Noire. Hors de moi est une adaptation de Out of sight, le tube de James Brown de 1964.

Teddy Nash & the Scales – Je vais frapper sur du bois (JNOB; 1967)

On ne connait pas grand chose de Nash, si ce n'est de quelques aparitions à La Porte St-Jean de Québec et à Montréal à l'Esquire ou au Snoopy's. Si vous avez vu le groupe sur scène ou pouvez nous en apprendre d'avantage au sujet de Nash, écrivez-nous.

leeroyprestonLee Roy Preston & the Inn-Crowd – Every day I have to cry (Jet Records; 1967)

Un des rarissimes 45 tours pressé sur la microscopique étiquette montréalaise Jet Records, propriété de Don Wayne Patterson. Celui-ci est produit par le mystérieux Ti-Guy!

Les Beethoven – Danse le poney (Première; 1965)

Les Beethoven, premier groupe du chanteur Pierre Perpall, était composé de Rémi Gagnon, Réal Saint-Maurice, Robert Leblanc, Jean Yves Thériault et Pierre Savard. Leur premier simple offre cette reprise de Ride your poney de Lee Dorsey.

The Lords feat. Little Harley – Baby I've got to have it (Allied; 1968?)

Une BOMBE! Les seuls crédits nous donnant un indice sur la composition du groupe sont Jean-Pierre Lamontagne et un certain H. Downey (H pour... Harley?).

raphael_multicoloreTrevor Payne – Evil eye (RCA; 1970)

Une idole pour plusieurs jeunes montréalais de l'époque, Perpall le premier. Payne est originaire de la Barbade et arrive à Montréal à la fin des années 50. Evil Eye est une composition de Payne qui pressa aussi quelques 45 sur Télédisc et R&B avec son groupe The Soul Bros (futurs membres du groupe Le Triangle puis Mashmakan). Il dirige depuis les années 70 le Montreal Jubilation Gospel Choir.

Raphael – Pour la vie (Multicolore; 1972?)

Raphael Walton a enregistré un superbe 45 tours sur étiquette Canusa en 1967, suivi d'un changement de nom vers 1970 (Elmonto) et de la fondation d'un groupe de soul rock.. The Raphael Exchange au début des années 70. Ce simple, plus tardif, semble d'ailleurs provenir de cette même époque... Ironiquement, l'étiquette Multicolore était... blanche pour ce simple.

copelandBeverly Copeland – Northwind (CTL; 1970)

Quelle voix! Originaire de Philadelphie (USA), Copeland déménage à Montréal en 1961 et commence à performer sur le campus de l'Université McGill. Elle enregistrera son premier album en mars 1970 sous la supervision de l'arrangeur Neil Chotem, un long-jeu redécouvert récemment et qui s'échange pour de folles sommes!

Henri-Pier Noël – Funky Spider Dance (Reveal; 1980)

Le second album du percussif pianiste du kompa funk incluait cette danse et a été réédité en 2012 à partir des bandes originales! Du beau travail signé Wha Wha 45.

Georges Thurston – De villes en villes (Express; 1980)

Simple bilingue funky pour Thurston qui, le temps d'un 45 tours, semblait vouloir reprendre son véritable nom après les succès fou des années précédentes...

Elmonto – Un petit ange noir (Capitol; 1968)

Elmonto_Capitol

22 février 2015: Les pressages privés québécois – Première partie

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Gaetan_Claudar

[caption id="attachment_3164" align="aligncenter" width="640"]À chacun sa Boule de Son! Avec notre invité, Gaétan Bricault (à droite). À chacun sa Boule de Son! Avec notre invité, Gaétan Bricault (à droite).[/caption]

Une trame musicale en marge du temps, des modes et des étiquettes. Un Québec parallèle, rien de moins! C'est ce qui s'offre à vous aujourd'hui alors qu'en compagnie de mon invité, le collectionneur et disquaire Gaétan Bricault, nous explorons l'univers des pressages privés québécois, ces ambitieux projets autoproduits et distribués par les artistes eux-mêmes au cours des années 60 à 80. Dans ce premier volet, nous examinons les caractéristiques distinctes de ces oeuvres méconnues sur vinyle ou en cassette et diffusons de rarissimes exemples passant du rock psychédélique en passant au folk et bifurquant par la pop lounge d'un envoutant bar band...  On étire même le mandat de cette émission en saluant deux intrigantes productions de la scène franco-manitobaine!

Si vous reconnaissez des musiciens et des formations parmi celles proposées aujourd'hui ou pouvez nous aider à les retracer, écrivez-nous! Nous ne manquerons pas d'y revenir dans une prochaine émission. Vous pouvez aussi poursuivre votre écoute en cliquant l'onglet "Pressages privés" dans la section Discothèque. Maintenant, ouvrez grand les oreilles et... bonne écoute! 

pierheiken_picklesPier Heiken – Pickles (Reveal; 1979)

Projet solo du batteur du groupe The Humanist & Advent Concept qui venait tout juste de recevoir son nouveau synthétiseur modulaire… La plupart des exemplaires du 45 tours sont toujours en possession de Peter Riden du groupe Concept qui acceptera probablement de vous en vendre pour quelques dollars.

Concept – Bolo I’m not (Reveal; 1986)

Extrait de la cassette Long Awaited, autoproduite par les musiciens, qui regroupait de nouvelles compositions et d’autres comme I ain’t no punk qui était autrefois disponible sur 45 tours. La pochette montre d’ailleurs les membres devant leur fourgon metro peint aux couleurs de Concept! The Musical & Humanist Advent Concept (ou simplement.. Concept) était formé de Peter Riden (guitare, voix), Robert Schwelb (claviers), Marc Ulus (basse) et Pier Heiken (percussions). Le groupe ne se gênait pas pour mettre en garde ses auditeurs sur l'utilisation de drogues pendant l'écoute de leurs albums. Dont try... just accept Concept! On est d'accord.

En plus de voir ses albums réédités il y a quelques temps, notez que Reveal diffuse librement les enregistrements sur cassette de Concept sur leur page YouTube.

[caption id="attachment_3167" align="aligncenter" width="853"]CONCEPT86 copy The Musical & Humanist Advent Concept, 1984.[/caption]

presageLa Fanfare KC – La légende (Micro-Mégas; 197?)

Nébuleux groupuscule possiblement issu du petit village de Saint-Augustin-de-Woburn en Estrie. Ce premier 45 tours est avare de détails biographiques si ce n'est que les deux faces sont créditées à un certain Allard Alone. La légende offre une curieuse pop dynamique aux accents légèrement mystiques. La voix noyée dans l’écho appuyée par de ludiques choeurs masculins, le chanteur raconte l’histoire d’amour compliquée d’un troubadour sur fond de cordes synthétisées. Le son du String Synth semble déjà nous indiquer que ce titre pourrait avoir été enregistré entre le milieu des années 70 et le début des années 80. Accrocheur! Découvrez l'autre face du 45 tours dans cet article.

Le second simple, toujours sur Micro-Mégas, fut crédité à un certain Michel Allard (merci Benjamin pour la précision) et proposait un titre reggae couplé avec une relecture du hit de Léo Benoit, Le Rock'n'Roll dans le lit. Qui nous en apprendra plus à son sujet?

Présage – Contact (Présage; 1976)

Groupe progressif qui, si on se fie aux credits de composition, aurait pu inclure dans ses rangs Diane Bruneault, Claude Lambert et Michel Mailhot. Leur 45 tours fut produit en collaboration avec Robert Hamel et, fait étonnant, deux presages existent pour ce 45 tours fusionnant judicieusement des influences hard rock et progressive. Si vous les connaissez... contactez-nous!

[caption id="attachment_3173" align="aligncenter" width="640"]Gaetan_Sebastien_folk Notez que la pochette de l'album Un de plus de Marc Lebel accueille son disque... par le haut! Une coquetterie? Un défaut d'impression plutôt...[/caption] Bipsautru – D’après toi (sans etiquette; mars 1978)

Duo folk de la region de Hull avec Luc Lafrance & Menute. Leur album Chu content... offre des titres instrumentaux et chantés. On note aussi la présence d'un certain Nathan Curry (violon, mandoline) sur cet album qui est certi d'une maudite belle pochette dessinée en noir et blanc, montrant des instruments de musique sous forme de vaisseaux spatiaux orbitant une planète avec un collage à l'endos. Ma copie fut dédicacée par «Luc»: Un amour de fricassé sur plastique, à un ami que je ne connais guère mais bien.

Marc Lebel – Les balounes (Escales; 1971)

Pour une anthologie complète des enregistrements du chansonnier originaire de Notre-Dame-du-Lac (Bas St-Laurent) et futur collaborateur de l'album chrétien conceptuel Le troisième seul d'Agapè, consultez l'entrevue qu'il m'a accordé en 2012.

Gaetan_ClaudarClaudar – Love your love (Arc-en-ciel; 1980)

Duo amateur avec de l’ambition, fort possiblement montréalais, et qui misait essentiellement sur une pop lounge bilingue sur leur album Le temps d'aimer. Claude Cavalo & Armand D'Errico sont Claudar – la pochette souligne “2ième Étape”. En effet, un premier album avait été enregistré l'année précédente, présenté par Holiday Inn , avec Dino Leone (longtemps associé aux Maniboulas) sur étiquette Aris. C'était donc un bar band! On note la présence de musiciens chevronnés dont Jean-Guy Chapados (Les Dauphins, Les Baronets de 1966-67) à la basse, Roger Gravel (Les Three Bars) aux claviers et aux arrangements, Gilles Pinard à la guitare (Musicien professionnel depuis 1976), Yves Lagacé à la batterie (musicien de tournée pour de nombreux chanteurs).

gerry_ziz_lorennaGerry & Ziz – Juste pour dire (Jolly; janvier 1976)

Extrait de l’album Finalement du duo formé de Gérald “Gerry” Paquin & Gerard "Ziz" Jean… en quelques sortes, les Jim & Bertrand de la scène franco-manitobaine! On note aussi la présence de nombreux musiciens et d’une jeune choriste du nom de... Loreena McKennitt (probablement sa première collaboration sur disque). Après avoir animé l’émission comico-musicale Canadian Express à Winnipeg, le duo se verra confier sa propre émission à l’été 1979 où quelques artistes québécois passeront, dont Pauline Julien. La pièce Juste pour dire cite plusieurs expressions québécoises joualisées et semble même décrire le quotidien montréalais, allant même jusqu'à glorifier la Brasserie Molson. Ça charrie bien!

La Roche – Pendant d’oreille 215 (Emprise; avril 1981)

Le quintet était originaire de St-Malo (petit village au sud de Winnipeg, Manitoba) réunissait les talents de Christian, Fabien, Pierrette, Joël & Réjean... tous des La Roche! Tout ceci demeure bien vague, vous en conviendrez... alors appelons-en à nos auditeurs franco-manitobains pour identifier ces musiciens.

[caption id="attachment_3177" align="aligncenter" width="640"]Gaetan_Sebastien_ManitobaBEST Salut à toi, Manitoba![/caption]

lerefugeduperecloeLe refuge du Père Cloé – Titre inconnu (face A; Boule de Son; novembre 1979)

Boule de son – Apprendre à prendre (Boule de son; 1975)

Ne serait-ce que par le look de sa pochette blanche hyper-sobre, l'unique album du groupe incarne un des exemples les plus accomplis d'un pressages privé. Le septet Boule de Son était surtout mené par les auteurs-compositeurs Daniel Lepage et Sylvie Granger à qui se grefferaient Pierre Moisan (basse), Denis Toupin (batterie), Jean-Luc Éthier (flûte), Jean-Jacques Boudreau (guitare) & Isabelle Guzzo (choeurs). L'album Just'en passant offre une folk pastorale, aussi éthérée qu'investie, enregistrée en août et novembre 1975 aux Studios Bobinason.

On retrouverait le groupe en partie sur un second enregistrement quelques années plus tard, un conte sur disque intitulé Le refuge du Père Chloé où deux sélections musicales sont offertes en toute fin de chaque face du disque. Granger produirait aussi avec Lepage un album en 1984 (À l'ombre de nos saisons ), puis poursuivrait en solo au milieu des années 80.

L'histoire complète de Boule de Son tarde toujours être documentée et si les membres du groupe lisent/écoutent ceci, je les invite à me contacter. J'adorerais vous jaser!

[caption id="attachment_3184" align="aligncenter" width="640"]Sylvie Granger & Daniel Lepage du groupe Boule de Son devant le Château Ramsay à Montréal, 1975. Sylvie Granger & Daniel Lepage du groupe Boule de Son devant le Château Dufresne à Montréal, 1975.[/caption]

Marc Lebel – Un de plus (Escales; 1971)

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marclebel1pp

marclebel1marclebel2Dans les récentes années, j'ai souvent abordé ma passion pour les enregistrements québécois sous formes de pressages privés, ces précieux et parfois anondins témoignages sur vinyl qu'on abordera la plupart du temps de biais, avec une quelconque méfiance. Rarement de front. On s'y intéresse généralement après avoir écumé les noms les plus réputés d'un style, en y comblant les références les plus obscures, essentielles aux oreilles du complétiste. Leur singulière beauté peut aisément être ignorée à la première écoute, mais saura s'installer confortablement dans votre psyché par ses risques stylistiques, ses textes marginaux et ses expérimentations approximatives. Un de plus de Marc Lebel s'impose certainement comme l'un de ces pressages les plus réussis. Publié timidement sur étiquette Escales, une sous-division des disques RM (Radio-Marie) basés à Cap-de-la-Madeleine, cet album demeure l'un des témoignages politiquement engagés les plus vitrioliques de son époque. Parallèlement aux albums concept Des gens comme vous et moi ou Le Troisième Seuil d'Agapè, ce rarissime long jeu s'inscrit dans ce que je me plaisais à décrire comme "la Sainte-Trinité des pressages privés québécois". Suivant un printemps de grands remous, j'ai récemment repris contact avec le chansonnier originaire de Notre-Dame-du-Lac dans le Bas St-Laurent qui a généreusement ouvert sa boîte à souvenirs...

[caption id="attachment_3207" align="alignleft" width="221"]Marc Lebel & René Dupéré, septembre 1970. Marc Lebel & René Dupéré, septembre 1970.[/caption]

S.D. Votre nom apparaît pour la première fois dans différents projets du GAP. Avez-vous été membre d’autres formations musicales avant?

M.L. Non, le seul groupe dont j’ai fait partie, c’est celui pour le spectacle La fin des temps, avec René Dupéré.

S.D. Comment vous êtes-vous associé au GAP (Groupe d'Animation Pastorale) ?

M.L. À cette époque, l’audio-visuel entrait progressivement dans les classes avec la pastorale. Le Studio RM (Radio-Marie était opéré par des pères Oblats de Marie Immaculée) près de la cathédrale du Cap-de-la-Madeleine travaillait dans cette optique. Pour faire une histoire courte, à l’hiver 1970, je me retrouve enseignant de français en secondaire 3, à la polyvalente d’Ancienne-Lorette, en banlieue de Québec. Rapidement, René Dupéré, qui y enseignait la musique, devient un de mes amis. Il travaillait déjà avec le Studio RM et faisait de la musique pour leurs diaporamas.

S.D. André Dumont mentionnait justement que le groupe utilisait les productions musicales dans des ateliers scolaires de catéchèse en les jumelant à des projections de diapositives. Pourriez-vous décrire les activités du GAP ?

M.L. Non, pas vraiment. Mais je sais qu’à cette époque, la catéchèse prenait beaucoup de place dans les écoles. C‘était à la suite de Vatican II. Mais, je n’ai pas fait partie du GAP, je n’en connais pas plus que cela sur ses origines, ses orientations, ses réalisations et ses résultats.

S.D. Comment en êtes-vous alors venu à travailler avec eux?

M.L. Durant l’hiver 70, à la polyvalente de l’Ancienne-Lorette, nous vient l’idée, à René et moi, de monter un spectacle avec de nos étudiants : Gilles "Maxell" Bergeron joue de la basse, Henri "Caniche" Robitaille écrit des textes que je mets en musique. J’apporte aussi beaucoup de mes chansons; René et moi en écrivons aussi ensemble. Le spectacle s'intitulait La fin des temps, du titre de la chanson que René et moi avions écrite pour l’occasion. Le spectacle a lieu à la fin de l’année scolaire dans l’auditorium de la polyvalente.

Agape1Entre temps, René avait parlé de notre travail au gens du GAP qui ont décidé d'en faire un disque un peu bizarre. Il comprendrait de nos chansons, mais aussi des chansons de ces personnes du GAP, dont le Père André Dumont, pilote du projet. La chanson La fin des temps serait la pièce maîtresse de ce 33 tours. Sur Le Troisième Seuil, je n’ai pas prêté ma voix à toutes mes chansons parce qu’André Dumont trouvait que je n’étais pas dans le bag au niveau du contenu. Comme si je ne savais pas ce que j’avais écrit ou que je ne chantais pas assez du nez...

Puisque que ce projet-là prenait plus de temps, on m'a proposé de réaliser un disque personnel, avec mes chansons et mes amis. On est rendu en fin été 1971. À ce moment, j'étais animateur à l’auberge de Jeunesse la Petite Bastille - l’ancienne prison des plaines d’Abraham, aujourd’hui intégrée au Musée National des Beaux arts du Québec. C’est comme cela qu’est né Un de Plus. Un de nos musiciens, Weilly Viens, était un des itinérants de la Petite Bastille. Je ne l’ai plus jamais revu par la suite.

marclebelS.D. Vos collègues René Dupéré (déjà productif chez RM) et Gilles Bergeron de Agapè sont présents sur Un de plus. L’enregistrement de votre album suit ou précède celui de Agapè ?

M.L. Gilles Bergeron est présent sur Un de plus parce qu'il était déjà musicien pour le spectacle La fin des temps. Un de plus fut enregistré en un seul samedi - one night, one shot, one take - en 1971. L’enregistrement du Troisième Seuil de Agapè s’est déroulé sur plusieurs fins de semaine. On ne faisait qu’une chanson à la fois...

S.D. Votre œuvre témoigne de préoccupations politiques et sociales évidentes qui font de vous une des voix les plus franche et directe du protest song québécois. Est-ce que vos musiciens partageaient la même fougue?

M.L. Honnêtement, je ne sais pas. René, certainement. Nous étions vraiment sur la même longueur d’ondes : plutôt de gauche et indépendantistes. Pour les autres, je l’ignore totalement.

S.D. Avez-vous eu l’occasion d’interpréter les chansons de votre album sur scène?

M.L. Oui. Le spectacle La fin des temps créé au printemps 1970 fut repris à l’automne au pavillon Marie-Victorin de l’école secondaire Rochebelle de la commission scolaire de Sainte-Foy et à l’École Normale du campus Notre-Dame-de-Foy de St-Augustin de Desmaures. On a fait aussi une représentation à l’école Beaubien de Montmagny. Dans notre spectacle, il y avait beaucoup de mes chansons qui apparaissaient sur Un de plus, sauf bien sûr, New-York et Robidoux qui étaient essentiellement des jams...

coupuresdepressemarclebelÀ l'époque, je devais me louer une guitare électrique. Je devais aussi louer d’autres instruments pour les musiciens. C’était toujours la misère. Tu liras qu’on a eu de la misère à Montmagny, mais la pire expérience avec la technique, ce fut au Pavillon Marie-Victorin. On jouait dans un gymnase au bout duquel il y avait une sorte de scène. Le son était tellement horrible que Gilles Bergeron est resté en coulisse pour jouer de la basse. Ça faisait dur pas à peu près.

S.D. De quelle chanson, extraite de votre album, êtes-vous toujours le plus fier?

[caption id="attachment_3202" align="alignleft" width="116"]le3eflop Marc Lebel, Le troisième flop (inédit; 1971)[/caption]

M.L. Je crois bien que c’est Je vous salue Marie. Elle m’a value beaucoup d’éloges. Je l’ai déjà même entendu être chantée par des groupes scouts.

S.D. Avez-vous réalisé d’autres enregistrements à la suite de Un de plus? Vous mentionniez il y a quelques temps l’enregistrement d’une violente critique à l’endroit d’André Dumont intitulée « Le troisième flop ». Est-ce que cet enregistrement existe toujours?

M.L. J’ai vainement cherché cette bobine qui, hélas, est disparue. Quand nous avons reçu le disque (Agapè - Le troisième seuil ), j’en étais honteux. On avait ajouté plein de sons à notre travail en studio. C’était dégueulasse. Moi, la catéchèse, je m’en foutais pas mal. De voir aussi la pochette psychédélique, le carton jaune qui sert de livret avec un gars (Alain Dumont  du groupe La 5e Dimension) qui se fait photographier dans un cadre, je trouvais ça innocent.

C’est là que j’ai écrit Le troisième flop. À ce moment là, j’étais appariteur au département des technologies de l’enseignement à Laval. J’avais accès à bien du matériel. C’est la que j’ai fait l’enregistrement sur une musique dont je me souviens de l’air mais pas du titre. C’était écoeurant…

Pour imaginer le résultat, je vous invite à redécouvrir la pièce Le troisième seuil de Agapè alors que vous lirez le texte lourdement trafiqué par Lebel. Ayoye!

L'album Un de plus (Escales; 1971) La facture graphique minimale du recto de la pochette présente un portrait brouillon de Lise Lamontagne où, curieusement, le nom de l'artiste s'impose au détriment de celui de Lebel. L'orientation du dessin implique même qu'on insère le disque par en haut (et non sur la droite comme c'est la norme). D'une économie graphique similaire à de nombreux autres pressages privés québécois, ce détail renforce dès lors l'idée qu'il s'agit d'un album fait-main, gossé en marge de l'industrie. [caption id="attachment_3201" align="aligncenter" width="640"]Musiciens - Un de plus copy Les musiciens de Un de plus. De gauche à droite: Marc Lebel, René Dupéré, Jacques Boivin, Weillé Viens, Gilles Bergeron, Laurent Samson, Pierre Baulé, Marc Lebel. (Photos: Marcel Gilbert)[/caption]

mlebellabelALe début de la décennie 70 illustre bien les mutations culturelles qui animent le Québec depuis le début de la précédente décennie. Passés l'Osstidcho ou la Crise d'Octobre, notre révolution devenait de moins en moins tranquille... Lebel, à sa manière, chante l'évolution de notre conscience sociale, ses interrogations, ses doutes et ses désirs... sans flafla. On en voulait plus du faux-fini plastique qui gomminait autrefois les productions yéyé en province. En 1971, on cherche maintenant à dire les vrais affaires, on mise sur l'essentiel... C'est comme ça notamment avec le protest folk et force est d'admettre que Marc Lebel avait plus d'une crotte sur le coeur...

Ambition, la pièce ouvrant l'album, vous sidèrera par la pertinence de sa critique politique, son propos - outre quelques références catholiques- étant toujours aussi actuel aujourd'hui qu'il y a 41 ans!

J'ai pas envie de devenir un ministre. J'ai pas envie, c'est un job trop sinistre. Moi, j'ai envie de devnir député. Moi j'ai envie d'être aimé dans mon comté. J'ai pas envie qu'on vienne m'arrêter. J'ai pas envie: j'ai appris à m'la fermer.

mlebellabelBAvouez que ces paroles résonnent toujours autant! Définitivement terre à terre, le style percutant de Lebel s'apparente en quelques sortes à celui d'autres chansonniers vitrioliques de l'époque tels Réal Barrette ou Plume Latraverse. La direction musicale de René Dupéré est brouillonne, mais néanmoins inventive; elle fait appel à quelques mesures improvisées à la trompette ajoutant sur ce titre et ailleurs sur l'album, une note solennelle aux constats dramatiques que dépeint Lebel. Désabusé devant un Québec qui recherche tant bien que mal à clamer sa souveraineté, notre poète-chansonnier en rajoute sous les barissements cuivrés qui annoncent Les éléphants. Une guitare wah-wah meuble le discours surréalistiquement lucide du chanteur avant qu'une conclusion plus rythmée et cacophonique intensifie sa prose.

On ne peut pas toujours parler pour se faire entendre. Mais moi j'suis tanné de crier: what does Quebec want. Les Américains se politise d'avantage alors que Lebel échange avec un allophone candidement personnifié par Weillé Viens. Leur conversation bilingue se termine intensément, en queue de poisson, au moment où notre chansonnier exaspéré lance un «Ah ben mange d'la...» avant de céder à une brève conclusion instrumentale improvisée (New-York ). Vietnam s'internationalise et remet ça avant de fusiller la société de consommation issue du rêve américain qui constraste avec les combats qui avaient lieu parallèlement en Asie. La guitare fuzzée de Gilles Bergeron écrase bientôt tout sur son passage, concluant avec fracas la face A (Chansons pour l'endroit). Du tonnerre! [caption id="attachment_3204" align="aligncenter" width="621"]marclebel_photomathon1 Marc Lebel, d'hier à aujourd'hui.[/caption]

S'il y a un titre de l'album qui réussi à fusionnner l'esprit critique et le venin musical du chanteur, c'est bien l'incandescant protest-rock Les balounes en face B (Chansons pour l'envers). Voilà une diatribe comme on en entend rarement au Québec! Le piano et la guitare sèche battent la mesure sur les envollées célestes d'un soliste carburant au fuzz et au wah-wah avant que la trompette ne s'y substitue: une trame d'enfer pour un propos coup d'gueule! Un intense et sèvère moment de lousse poésie, qui n'est pas sans rappeler l'intesité de Vous êtes pas tannés de crever qu'il composait parallèlement pour Agapè.

Société de consommation. Société quand tu nous tiens. Société de sommation. Société quand tu fous rien. Des hirondelles en plastique et des amants synthétiques. Des éléphants en mastique et des grosses villes pleines de flics [...] Société bureaucratique. Société technologique. Société très démocratique. Société, j'sus tanné en «côllique».

La pluie, qui ouvre la face B, semble annoncer une tengeante plus pop pour le chansonnier. Le couplage de la mandoline de Dupéré à la guitare wah accentue la référence aquatique, c'est mignon. En fait, cette fausse naiveté camoufle le regard aiguisé d'un poète aussi cynique qu'éveillé. La vengeance est douce au coeur de l'indépendantiste...

La pluie qui tombe jusqu'à terre, c'est gratis pis c'est pas cher La pluie qui tombe jusqu'en bas, les Anglais ne l'achèteront pas. Moi j'ai acheté mon Québec-Presse, qui fait la pluie et le beau temps. Ça c'est à nous autres, faut pas qu'ça cesse Parce qu'y fait chier l'gouvernement.

De l'aveu de Lebel, Robidoux était un jam vaguement improvisé par lui-même et Willie Viens lors des séances d'enregistrement. On se dit qu'à errer sur la route comme il l'a fait, notre vagabond aurait eu le temps de songer à une chanson plus mémorable... La mélodie est effectivement cyclique et l'histoire plutôt anecdotique de l'ittinérant manque de séduire jusqu'à 5m15s, moment où constate que son parcours l'a mené tout droit au studio avec ses nouveaux copains musiciens. Touché, mon Willie... Les amours d'asphalte nous replonge concrètement dans l'esprit des boîtes à chanson urbaines. Le temps d'une rencontre devant un Coke glacé, cette ballade charmante et jazzée emprunte son rythme à celui de la ville et prépare l'auditeur à la conclusion de l'album. Je vous salue Marie dévoile en effet un chansonnier plus intimiste, spirituel même, sans pour autant être prêt à retourner sur les bancs d'églises. Encore une fois, tout est dans l'actualisation des évangiles et de sa prière...

Je vous salue Marie C'est pas pour se foutre de sa gueule, mais Jésus passera pour un hippie c'est garanti [...] Peace and love Marie, ainsi se termine ma prière en espérant que vous reviendrez.

Ainsi prend fin ce fascinant Un de plus, et j'espère sincèrement que cet article jetera un nouveau regard sur ce singulier chansonnier qu'est Marc Lebel. Je tiens à le remercier chaleureusement pour sa généreuse participation à la réalisation de ce tour de chant. Visitez son blogue: vous y retrouverez tous ses textes, ses chansons scouts et ses haïkus. J'en profite aussi pour saluer l'ami Stéphane qui m'avait initié à ce rarissime album il y a déjà quelques années. Bonne écoute!


1er mars 2015: Entrevue avec Sam Lloyd – Première partie (1965-1970)

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Seb_samlloyd

sam1 copyVoilà bien des années que le cas de Sam Lloyd me mystifiait. J’avais beau demander à d’autres collectionneurs, disquaires et historiens de la musique : personne ne semblait connaître cet artiste québécois à consonance anglophone. J’ai rédigé un premier et long article à propos de ses enregistrements, pour la plupart difficiles à retracer, en espérant une réponse du principal intéressé. Rien. Lors d’une entrevue de 2013, le musicien François Carel s’est vaguement souvenu de son ex-collègue au sein du groupe Les Monstres et nous donna un premier indice : c’était le beau-frère de Marc Hamilton (aussi des Monstres). Quelques mois plus tard, je retraçais enfin Lloyd et le conviais en entrevue… sa première en plus de 40 ans! Voici donc la première partie de cet échange où nous revenons sur ses enregisterments et performances de 1965 à 1970.

Je tiens à remercier mon invité qui a accepté de partager ses archives personnelles; la plupart des illustrations ci-bas sont tirées de sa collection. Bonne écoute!

[caption id="attachment_3214" align="aligncenter" width="640"]En compagnie de Sam Lloyd et de la première pochette imaginée pour l'album de notre invité. En compagnie de Sam Lloyd et de la première pochette imaginée pour son unique album.[/caption]

sam_uda_66 copyLloyd est originaire de Montréal et est né Réal Brousseau. D’aussi loin qu’il se souvienne, sa mère l’a toujours appelé Sam. Il adoptera plus tard le pseudonyme de Sam Lloyd, tout bonnement en l’honneur du père d’un de ses employeurs. Ça sonnait bien… Dès son jeune âge, il tâte de l’accordéon avant de troquer l’instrument pour une guitare à l’adolescence. Il étudie au Collège de Réforme Mont-St-Antoine en dessin technique et en fera son métier lorsqu’il s’écartera plus tard du show business. À la fin de ses études en 1965, il est approché par Marc Hamilton, qui était déjà son beau-frère et depuis peu chanteur au sein du populaire groupe Les Shadols. Hamilton recherche une nouveau guitariste. La tête pleine de projets, celui-ci envisage la création d’un nouveau groupe costumé, aussi captivant que choquant : Les Monstres. Avant même que Brousseau ne rejoigne Les Monstres, Hamilton avait déjà effectué quelques spectacles costumés avec des musiciens différents, question de prendre le pouls de la foule. Devant la réponse positive dès les premières représentations, Hamilton choisi de dédoubler ses activités. Pendant un court moment, les deux formations tournent simultanément et Brousseau fait partie des deux. Les Shadols jouent en semaine et les week-ends sont le plus souvent réservés aux performances des Monstres. À quelques occasions, une formation complètement différente des Shadols, sans les musiciens originaux, honore même quelques contrats de dernière minute! Jean Letarte, batteur du groupe Les Cavendish, en rajoute. Il me confiait récemment avoir fait partie d'une toute autre mouture des Monstres qui pouvait occasionnellement tourner en même temps que la formation originale! Occupés…

monstres

[caption id="attachment_3216" align="alignleft" width="300"]Photo Vedettes, 10 juillet 1965. Photo Vedettes, 10 juillet 1965.[/caption]

Comme il rejoint Les Shadols sur le tard, Brousseau n’apparait pas sur leurs deux 45 tours, mais il se manifeste pour la première fois sur disque au sein des Monstres. L’histoire du groupe Les Monstres a été scrutée en détails par Félix B. Desfossés de l’essentiel blogue Vente de garage et je ne saurais trop vous recommander de lire cet article qui offre de rares photos du groupe sur scène et des extraits de leurs deux 45 tours. Quelques détails supplémentaires méritent cependant d’être précisés. Brousseau incarne le rôle du Bossu sur scène, alternant entre la guitare et le chant principalement sur des sélections en anglais. Les ballades françaises, c’était la spécialité de Marc Hamilton... Il faut ainsi imaginer le groupe, adéquatement costumé pour sidérer son public, interprétant autant leurs compositions, des titres rock américain et des airs langoureux d’Aznavour. Le second 45 sur étiquette Miracle et produit par Jean Beaulne est beaucoup plus pop et illustre bien cette dichotomie stylistique.

Avant même que le groupe ne performe pour la première fois au Club YéYé du Café St-Jacques à Montréal, Brousseau se souvient du buzz médiatique autour de la formation. On ne nous avait pas encore vus sur scène et le soir de notre première, il y avait déjà une file d’attente qui faisait le tour de l’immeuble! Pas de doute, leur jeune public était friand de ce genre de provocation.

Le groupe visite New York au début de 1966 pour y graver un nouveau 45 tours suivant leur premier sur étiquette Blue Jeans. Pas à un scandale près, le groupe se déplace déjà exclusivement dans un corbillard (un Packard 1947) pour ses nombreux concerts et c’est ainsi qu’il fera son premier voyage à l’extérieur du Québec. Les Monstres y croiseront le producteur Tony Roman qui vient tout juste de découvrir une jeune Nanette Workman. Brousseau précise qu'à l'initiative de Roman, le groupe aurait enregistré 2 chansons dans un studio newyorkais. Celles-ci n’ont jamais été publiées. Cependant, à l’écoute d’un disque acétate newyorkais attribué aux Monstres découvert dans les archives de Tony Roman en 2014, le guitariste ne reconnait pas les deux chansons… Le débat demeure donc ouvert quant à la paternité de ces enregistrements et, du coup, il n’est pas exclu que nous entendions un jour de « nouveaux » enregistrements des Monstres. Le groupe se rendra une seconde fois à New York à l’été 1967, mais leur précieux corbillard devra être abandonné aux États-Unis en raison de nombreuses contraventions impayées…

Au printemps 1966, Brousseau quitte momentanément Les Monstres pour travailler en dessin technique. Pendant 2 à 3 mois, on fait appel à un remplaçant et pas n’importe qui : François Carel. Le talentueux musicien est alors posté à l’orgue et interprète sur scène le personnage du Fantôme de l’Opéra. Le caractère bouillant de Carel est toutefois bientôt à l’origine d’un conflit de personnalités qui l’oppose à Marc Hamilton. Ce dernier convainc peu de temps après Brousseau de revenir au sein du groupe. Horreur, fureur, bonheur…

plume-docteur-robert-citationAvant Latraverse, il y eut… Plume

sam_uda_67 copyÀ l’implosion des Monstres, Brousseau entreprend illico une carrière en solo pendant quelques mois sous un nouveau pseudonyme : Plume. Son unique 45 tours sur Citations a longtemps été convoité par les complétistes de l’œuvre du chansonnier Plume Latraverse qui croyaient à tort y entendre son premier enregistrement répertorié. Or, il n’en est rien. À l’époque, plusieurs journaux avaient déjà noté l’influence des Beatles dans le timbre de Brousseau, le qualifiant même allègrement de 5e Beatle made in Quebec ! Cette analogie le suivrait d’ailleurs tout au long de sa carrière solo… Dans cette optique, il n’est donc pas surprenant de retrouver sur le 45 tours de Plume une chanson des Beatles : Docteur Robert. Cette adaptation peu commune de Doctor Robert , un titre publié à l’origine sur l’album Revolver des Beatles, s'impose habilement par sa basse dans l'tapis. Au revers, on retrouve la pièce Tout peut s’oublier. Bien que créditée à Plume, il s’agit en fait de la chanson du groupe anglais The Hollies, Too many people. Comme sur l'autre face, Yves Martin supervise les arrangements et appuie Plume à la guitare sur cette version qui sonne encore plus percutante que l'originale.

sam_plume copyL'aventure Plume est de courte durée. Brousseau a néanmoins la chance de promouvoir son simple aux émissions Jeunesse d’Aujourd’hui en octobre 1967 puis à Bonsoir Copains (Télé 7, Sherbrooke). La presse lui réserve une couverture limitée et le 45 tours sombre bientôt dans l’oubli. Lorsqu’un nouveau chansonnier du nom de Plume Latraverse commence à faire parler de lui dans quelques boîtes à chansons montréalaises, Brousseau abandonne définitivement son pseudonyme. En 1968, il quitte de nouveau le métier de musicien et cette fois-ci la province pour aller travailler le dessin technique à Calgary pendant une année. APPEL À TOUS : Notre invité n'a pas revu sa performance du 14 octobre 1967 pour Jeunesse d'Aujourd'hui; si vous êtes en possession de ces images et souhaitez les partager, écrivez-moi.

Aurevoir Plume, bonjour Sam Lloyd Pendant son absence, certains de ses ex-collègues des Monstres poursuivent leur parcours musical. C’est le cas de Normand Bouchard, maintenant de plus en plus derrière la console, qui vient de produire un simple à succès pour le chanteur Marc Hamilton évoluant maintenant en solo : le tube planétaire Comme j’ai toujours envie d’aimer. Nous sommes en 1969 et cette ballade langoureuse sur fond d’amour libre rencontre un succès immédiat et est adaptée dans plusieurs langues et pays. De bonnes ventes confirment du même coup le flair artistique de Bouchard qui en profite pour fonder sa propre étiquette : Charton (une division de Polydor). Ce nouveau projet coincide avec le retour de Brousseau à Montréal qui reprend immédiatement contact avec ses amis musiciens. Malgré son absence des planches, le guitariste accumule depuis les récents mois plusieurs chansons folk anglophones influencées par l’approche roots qui émergeait du Canada et des États-Unis au tournant de la décennie. À l’écoute de ses nouvelles compositions, Bouchard est convaincu de leur potentiel commercial et offre de signer Brousseau, maintenant officiellement connu sous le sobriquet Sam Lloyd. Mieux, il en fait la principale tête d’affiche de Charton! Lloyd retourne la faveur en dessinant le logo de la nouvelle étiquette.

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Piano Piano capte l'attention de United Artists.

Un premier simple est enregistré, On your piano (rebaptisé Piano Piano ), pressé simultanément en 45 tours et –fait inusité!- en simple 12’’. Si ce format ne serait adopté que vers 1974 par les DJs puisqu’il facilitait la manipulation et du coup le mixage dans le feu de l’action, Charton semble plutôt apprécier le format géant du simple pour ne pas passer inaperçu auprès des animateurs radio. Une bonne tactique, confirmée par l’illustration de la pochette qui l’accompagne. Ce simple, ne serait-ce que par son aspect inhabituel, fait de Lloyd et Charton des précurseurs du simple 12’’ au Canada… et même à l’internationale! Musicalement, les versions du 45 tours et du simple 12’’ sont les mêmes et snt toutes les deux en mono. On y découvre une pop mordante, fuzzée et accrocheuse, un interprète investi et une influence anglo-saxonne qui n’est effectivement pas sans rappeler l’approche des Beatles dans les derniers mois du groupe. On retrouve aussi l'ex-Monstres Serge Blouin sur ce simple, à la basse. Piano Piano grimpe timidement quelques palmarès montréalais, oscillant le plus souvent dans le top 40, et capte même l’attention de l’étiquette des États-Unis, United Artists, un an après sa sortie initale. United Artists se montre fortement intéressée à en acquérir les droits pour confier son adaptation à un chanteur américain qui n,' jamais été spécifié; des représentants visitent même les bureaux de Charton pour une performance intimiste de Lloyd et ses musiciens. Lorsqu’on découvre que Bouchard a aussi parallèlement négocié ce titre avec d’autres labels américains, la proposition de United Artists tombe malheureusement à l’eau…

samlloyd_45_0001Si le simple 12" ne comporte qu'une face (le revers étant une face vierge), la chanson eut aussi un pressage sur 45 tours, où l'a coupla avec la bucolique ballade country-folk Free to be free en face B. L'approche sans flafla prépare l'auditeur au véritable son du chanteur, du moins celui qu'on retrouverait quelques mois plus tard sur son long jeu. La chanson témoigne d'une production minimale reposant principalement sur les guitares et le timbre des harmonies envoutantes de Lloyd. Ce titre serait aussi adapté en français sous le titre La liberté et inclut au revers d'un second simple pour Lloyd quelques mois plus tard, l’énergique Wah-Wah.

samlloyd_wahwah_fullWah-Wah poursuit l'amplification du registre de Lloyd et ne devrait pas être confondu avec un titre similaire popularisé par George Harrison à la même époque. Contrairement à ce que laisse entendre le titre, Lloyd choisit plutôt de pimenter sa guitare d'un flange pour émuler ultimement l'effet du wah-wah dans un refrain accrocheur sous forme d'onomatopée. Drôlement efficace! Si bien que ce nouveau simple grimpera encore plus haut dans les palmarès de Radiomutuel, atteignant la 14e place de leur palmarès dans la première semaine de juillet 1971. À nouveau, le simple sera offert en versions 45 tours et 12'', cette dernière offrant deux mix mono identiques.

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samlloyd_45_0003Le catalogue de 15 simples de l'étiquette Charton témoigne d'un ecclectisme évident. Bouchard y signe des talents aussi divers que le burlesque Minimum, la vétérante Rosita Salvador, Jean Lévesque en solo depuis l'implosion du duo Jean & Steve (Fiset) ainsi qu'une cohorte de nouveaux venus comme Cloudy Sky, Germain Lacasse ou Dave Thomson, tous ayant répondu à l'appel lancé par le producteur dans les journaux. Normand Bouchard propose au chanteur Maxime d'adapter Piano Piano pour son ultime simple, Moineau Moineau. Ce qui étonne à la première écoute, c'est plutôt le travestissement du thème original en faveur d'une histoire définitivement plus grivoise. La chanson illustre maintenant de façon navrante l'histoire d'une fille obèse nommée Moineau qui souhaite quitter le nid familial pour se marier… La production diffère légèrement de la version originale chantée par Lloyd. Le mix du simple de Maxime délaisse le fuzz pesant au profit de choeurs planants et propose maintenant un chant de baryton qui sonne délibérément déphasé. On pourrait penser que Lloyd n’ait pas apprécié l’exercice, mais au contraire… tout ceci l’amusait beaucoup.

Elle venait de je-ne-sais-d'où la fille de ma chanson. Gros Jambon, c'est ainsi qu'on l'appelait. Elle souffrait d'obésité, mais rêvait de s'envoler, de s'envoler. Elle risquait de s'écraser.

Le chanteur accumulait parallèlement de nouvelles compositions espérant les inclure sur son premier long jeu, plus intimiste dans son approche et définitivement folk dans son rendu. Nous reviendrons sur cet album -le seul pressé par Charton!- et quelques enregistrements d'époque inédits dans la seconde partie de notre entrevue.

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15 mars 2015: Yé-Yé partout!

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  10997801_10152654490236143_2511188671352801144_o   [caption id="attachment_3278" align="alignleft" width="120"]Votre animateur en compagnie des Hou-Lops au Musée du Rock'n'Roll. Votre animateur en compagnie des Hou-Lops au Musée du Rock'n'Roll.[/caption]

Avec l'exposition Révolution Rock! 1964-1968 organisée par le Musée du Rock'n'Roll qui tire à sa fin, j'ai eu envie de vous gaver d'une heure de 45 tours méconnus du Yé-yé! En effet chers mélomanes, notez que vous avez jusqu'au 29 mars 2015 pour visiter cette exposition qui cible quelques 150 artistes -rien de moins!- ayant contribué à la mania qui déferlait sur la scène québécoise des années 60. Venez vous rinser l'oeil sur des centaines de rares artéfacts exposés pour la première fois, taper du pied au son des groupes les plus influents d'ici et, qui sait, rencontrer une de vos idoles!

Le Musée intronisait récemment au Panthéon du Rock'n'Roll Les Hou-Lops en compagnie d'une foule compacte! On répètera l'exercice dans les prochains jours avec un hommage à titre posthume au producteur/chanteur/musicien Tony Roman (22 mars) puis ce sera le tour d'une de la formation Les Lutins en compagnie de quelques membres originaux. Boudez pas votre plaisir!

Si entre temps vous pouvez nous aider à identifier les musiciens des groupes The Velvets, Les Valliants ou Robert Kirouac & ses musiciens, contactez-nous! Bonne écoute!

Jenny Rock – Yé-yé partout (Sélect; 1965)

7e simple de la chanteuse, en vérité une rockeuse devenue rapidement l'égérie du Yéyé québécois suivant le succès de Douliou Douliou St-Tropez (son précédant simple). Composition d'Elizabeth Daniel & Paul Baillargeon, incluse sur l'album Jenny Rock Volume 3, mais jamais réédité depuis!

[caption id="attachment_3266" align="alignleft" width="119"]The Fabulous Vikings avec Bill Gagnon (à droite) en 1963. The Fabulous Vikings avec Bill Gagnon (à droite) en 1963.[/caption]

Les Assassins – Si tu veux danser (Stop; 1966)

Deuxième et dernier simple pour le groupe de Québec qui incluait Gilles Bolduc, Richard Belley, Gilles Blackburn & André Tremblay. Connue auparavant sous le nom Les Maraudeurs, la formation se rebaptise Les Assassins pour l'enregistrement de leur premier 45 tours. Celui-ci, leur second et dernier, est produit par Pierre Labelle (Les Baronets). Leurs deux 45 tours offrent chacun une composition attribuée au groupe en face B, plus upbeat que leurs face A.

Les Contacts – Je sais (Cordy; 1966)

Nous n’avions que très peu d’information à propos de ces musiciens… jusqu’à ce que le bassiste Bill Gagnon me contacte à ce sujet et précise l'histoire du groupe.

Le groupe débute vers 1965-1966 et était formé de Claude Aubin (chanteur), Marcel Huot (batterie), Pierre Nadeau (2e organiste), Henri Huckle (guitariste), Gery Labelle (saxophoniste) & Bill Gagnon (bassiste). Leur nom s'inspire d'une coupe de cheveux macho du temps qu'on appelait «la coupe contac». En quittant la formation Jimmy Paris and the fabulous Vikings, Gagnon fonde un autre groupe, sans nom, avec un batteur/chanteur du nom de Claude Aubin qui s'adonnait aussi à composer. Leur groupe fut engagé dans un club tenu par la mafia à Pointe St-Charles où le patron eut tôt fait de les remarquer. Il les présenta à l'impressario Ben Kaye qui leur a tous fait signer un contrat… à vie! Il les a par la suite présenté au producteur Michel Cordy. Après l'enregistrement de leur 45 tours chez Stéréo Sound à Montréal en présence des Soeurs Gallants aux choeurs, Les Contacts effectuent plusieurs spectacles entre Montréal et St-Gabriel de Brandon. C'est à ce moment que Marcel Huot se joint à eux et qu'Aubin devient le chanteur officiel du groupe. À la fin de ce contrat estival, Pierre Nadeau et Raynald Montemiglio sont approchés en vue d'une tournée en province.

Merci Bill Gagnon! On a depuis contacté d'autres membres des Contacts et on ne manquera pas de revenir sur ce groupe dans une future émission.

jacquesmichel1966aClaude & les Parasites – Tout ira très bien (Jeunesse Franco; 1965)

Groupe de Montmagny (Chaudièere-Apallaches) avec Jean-Claude Lavoie, Roger Lévesque, Raymond Pétrie & Yves « Chubby » Labonté. Leur unique simple de 1965 offre une relecture de « Tout ira très bien », popularisé ici par Les Hou-Lops et à l'origine... par le groupe anglais Gerry & the Pacemakers. Écoutez-moi ce tambourin!

Jacques Michel – Pas de chance (Apex; 1966)

Un acteur insoupçonné du Yéyé! Accompagné par Pierre Nolès et son orchestre, Michel qui avait pourtant contribué au Yéyé en signant quelques chansons pour les Jeun'Airs ou Les Lutins par exemple... se voit déjà comme un croulant lorsqu'il essaie de danser!

Denis Monaham & Les Valiants – Pourquoi (Disques Écho; 18 octobre 1965)

Un des quatre 45 tours répertoriés à ce jour sur étiquette Écho où le groupe accompagne une série de chanteurs: Monaham, Ronald Jean & Manon Désy. On y retrouve aussi le groupe Les 4 Voix, sans l'implication des Valliants. Selon Pierre Perpall, c'était l'une des rares formations « blanches » locale à fouler régulièrement la scène de l’Esquire Show Bar. Si vous avez des informations à leur sujet et pouvez nous aider à identifier les membres du groupe, contactez-nous.

The Velvets – Jenny Jenny Jenny (Olympia; 1965)

Aucune information sur cette formation qui ne grava que cet unique simple, assez énergique merci. Jenny Jenny Jenny est créditée à J. Fontaine, L. Longpré & Ls. Vitale (aidez-nous à les retracer!), mais on sait déjà qu'il s'agit d'une relecture de la pièce Jenny, Jenny de Little Richards.

R-5758600-1401850108-9302.jpegPUBLICITÉ - Banque Provinciale – Mission Mieux-Vivre (197?)

Merci à Benjamin pour cette découverte: un 45 tours (une face seulement) accompagnant une campagne promotionnelle pour convaincre les épargnants en impliquant les employés de la Banque Provinciale tels des espions du MI6... On se demande bien qui interprétait la trame musicale entendu en sourdine..?

Bartholomew Plus Three – You’re not there (Quality; 1965)

Une des formation les plus populaires de la scène anglo-québécoise, souvent reléguée à l'arrière des Haunted, Rabble ou MG & the Escorts. Le groupe de Montréal a néanmoins gravé cinq 45 tours entre 1965 et 1967, You're not there étant la face B de leur premier sur Quality. Le groupe incluait les musiciens Gary Ship (orgue, chant), Georges Gardos (basse), Barry “Bartholomew” Albert (guitares) et Lawrence « Corky » Laing (batterie). Barry Albert serait dès 1968 de la première mouture du groupe Life.

[caption id="attachment_3269" align="aligncenter" width="551"]Bartholomew Plus Three & The Rolling Stones, au Forum de Montréal en 1965. Bartholomew Plus Three & The Rolling Stones, au Forum de Montréal en 1965. Collection Marc Denis.[/caption] Georges Laflèche & Les Bops – The Montreal World's Fair Song (1967)

Après deux simples pour l'étiquette Kébec puis Niagara, le groupe de Plessisville collabora avec le chanteur Georges Laflèche pour cet ultime 45 tours, uniquement disponible à l'Exposition Universelle de Montréal en 1967. Cette hymne promotionnel avec juste ce qu'il faut de mordant a été produit par nul autre que Tony Roman.

LesBopsA Christine et ses copains – À 16 ans (Élysée; 1967)

Groupe de Montréal autrefois connu sous le nom Les Riches, formé de Pierre (chant, guitare), François (guitare rythmique), Gilles (guitare basse) et Michel (batterie). Se joint ensuite à eux la jeune chanteuse Christine Martin (soeur de Marty Hill aka Martin Martin), alors âgée de 14 ans. Le groupe publia deux simples pour Élysée avant que sa chanteuse n’entâme une brève carrière solo.

The Baronets – That's the way love happens (Vee-Jay; 1965)

Ce simple est le résultat d’une visite à New York à l'été 1965. Suivant le succès de leurs premiers simples, on tenta le marché américain en signant le trio chez Vee-Jay pour cet unique 45 tours en anglais avec un nouvel accompagnement pour Mine all mine (Je suis fou) et cette exclusivité au catalogue des Baronets...

Robert Kirouac et ses musiciens – Na Na Na (Kébec; 1965) Robert Kirouac et ses musiciens – Quand on est amoureux (Kébec; 1965)

29 mars 2015: Aujourd’hui le Québec, demain… le Monde!

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ipyranasAujourd'hui, on délaisse en partie la Belle Province pour explorer quelques adaptations internationales méconnues de chansons québécoises! Des artistes québécois qui ont vu leurs albums ou 45 tours être pressés à l’international, on en connait; qu’on pense à ceux signés chez Barclay ou Gamma... Toutefois, si durant les années 60-70, plusieurs artistes d’ici choisissaient d’adapter des chansons méconnues, le plus souvent extraite d’une face B puisée dans le catalogue international, pour mieux se démarquer… eh ben, je me suis dit qu'il fallait aussi considérer que des musiciens internationaux pigeaient aussi dans le répertoire québécois pour reprendre chez-eux des tubes, mais aussi des chansons moins connues…

Si vous avez d’autres exemples pertinents ou surprenant, écrivez-nous ou visitez notre page Facebook. Entre temps, bonne écoute!

I Pyranas – Sophie (RCA; 1969)

Merci Sylvain Michaud (Le Parolier) pour cette redécouverte! Ce groupe italien ne semble avoir pressé que cet  unique 45 tours, reprenant le succès que Robert Charlebois avait imaginé avec le poète Claude Péloquin en 1968. Lié à la série télévisée italienne Triangolo Rosso (1967-1969), bien qu’aucun personnage nommé Sophie n’y jouait...

rings-and-things-strange-things-are-happening-fontana-2Rings & Things – To me, to me, to me (Trax; octobre 1968)

Quatuor anglophone de Montréal; leur chanteuse se nommait Lisa Taan. Protégés du producteur Martin Martin (Martin Hillman aka Billy aka Marty Hill), leur simple sera le 3e publié sur l’étiquette de Martin, Trax, à l’automne 1968 et bénéficiera même d’un pressage hollandais avec pochette-photo. Leur 45 tours est surtout convoité pour la face A (Strange things are happening), ce qui en fait un des 45 tours les plus recherchés du Québec à l’international. Chose certaine, Martin avait une vision internationale pour les artistes qu’il produisait.

Formula V – Tu amor mi amor (avec intro; 1969)

Comment un groupe espagnol a-t’il donc hérité de cette même chanson? Los Formula ou Formula V est un groupe fort populaire, originaire de Madrid, et qui adapta ce titre en face B de leur 5e simple de 1969. On peut voir le groupe chanter sur scène leur reprise dans le film pour la télévision « Especial Nochevieja 1968 » (Spéciale du Nouvel An 1968) et cottoyer d’autres groupes comme Los Bravos ou Los Tonys.

The Cousineaus – Put it off ‘til september (London; 1970)

Un des deux simples publiés par le duo formé de Luc & Lise Cousineau sous ce sobriquet anglophone. Après un passage remarqué au Midem de Cannes, Luc & Lise sont choisis pour représenter le Canada au 5e Festival Internacional de Cancao Popular de Rio où ils accèderont à la Finale sans toutefois la remporter… Ils chanteront devant une foule de 32 000 spectateurs et lanceront même leur simple localement. 2 albums sont pressés en marge du Festival dont un intitulé « Parte Intercional » qui regroupe la plupart des interprètes venus de l’extérieur du Brésil. Curieusement, Les Cousineau seront les seuls à voir leur chanson remplacée par une adaptation réalisée par un duo brésilien nommé… Les Amis.

Festival Rio PLes Amis – Put it off ‘til september (Polydor; 1970)

Obligation contractuelle? Passe-droite auprès du réalisateur de cette compilation? Qui étaient Les Amis? On attend des nouvelles de Luc Cousineau et on tâchera d’élucider ce mystère…

Guy Durosier – Pancho (Carib; 1962)

Extrait du 6e album de Durosier, Been travelin’, publié à l'extérieur du Québec et offrant cette composition méconnue de Félix Leclerc. Durosier reprendrait aussi Bozo de Leclerc sur ce même album, mais aussi Claude Léveillée à deux reprises sur un de ses albums des années 70. L’album a depuis été remasterisé/réédité sous le titre Courrier d’Haiti.

[caption id="attachment_3324" align="aligncenter" width="600"]Félix Leclerc & Florent. Félix Leclerc & Florent, dans une loge de Bobino (Paris, 1966).[/caption]

Qu’en est-il des talents locaux qui ont eu exclusivement du succès à l’extérieur de la province? Florent Veilleux est un québécois, né en 1941 et issu d’une famille de 15 enfants. Après avoir opéré sa propre boutique de radio-télévision, il quitte le pays au début de la vingtaine pour Bruxelles afin d’y entreprendre des études médicales. Parallèlement, il chantait aussi dans de petits clubs les succès de Vigneault, Claude Gauthier ou Félix Leclerc (qu’il rencontrera d’ailleurs). En déménageant à Paris, il décroche un premier contrat en septembre 1965, est remarqué par Guy Béart à l’Alhambra (il signe d’ailleurs les notes de son disque!). Celui qui voulait suivre dans les traces de Bourvil enregistrera quelques 8 EP et simples entre 1966 et 1970. Il quitte la France au début des années 80 et vit toujours à Montréal où il est depuis mieux connu comme artiste multi-disciplinaire pataphysicien (science des solutions imaginaires). Jamais banal!

Florent – La jeunesse d’Aujourd’hui (Columbia; 1966)

Un de ses plus grands succès en France, avec notamment la pièce Parapapout. Titre de Michel Choquette (aka Gabélus Côté, auteur de Cauchemar popularisé par Robert Charlebois), adapté au Québec par Denise Filiatrault et Jean Roger.

Florent – La Sophie (Columbia; 1967)

Sa composition, un extrait de son 4e EP, avec des arrangements de Paul Piot.

francoisguy_takemeFrançois Guy – Take me (Barclay; janvier 1974)

Composition originale publiée sur le premier album en solo de l’ex-membre des Sinners / La Révolution Française, en 45 tours ainsi que sur 2 pressages européens sur Polydor et CBC. Joe Dassin ne pouvait l'irgnorer...

Joe Dassin – C’est du mélo (CBS; juin 1974)

Adaptatation de Pierre Delanoë ne sera pas incluse sur un de ses albums, mais sera proposée ne face B du simple « Si tu viens au monde ».

De Civilians - Jij was allang niet meer van mij (Elfe; 1970)

Il n’est pas surprenant de constater que le mégatube de Marc Hamilton ait été adapté à l’international. D’ailleurs, le chanteur français Hervé Villard en réaliserait au moins 2 adaptations en italien puis en allemand. Un simple pour le groupe hollandais, aussi inclus en guise d’ouverture sur leur unique album éponyme de 1970.

5 avril 2015: Rock chrétien, folk divin & messes à gogo!

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[caption id="attachment_3341" align="aligncenter" width="640"]Le Père Bernard Tremblay & Les Nouveaux Alléluias, 1965. Le Père Bernard Tremblay & Les Nouveaux Alléluias, 1965.[/caption]

Joyeuses Pâques, que vous soyez croyants, athées, d'une autre religion ou tout simplement supos du rock'n'roll! Si vous nous syntonisez depuis quelques années, vous avez probablement remarqué que nous revenions occasionnellement sur cette tendance musicale méconnue mais certainement pas oubliée de la province: l'âge d'or des messes à gogo. Aujourd'hui, on puise dans la compilation Résurrection! Rock Chrétien & messes rythmées du Québec 1964-1978 chez Mucho Gusto et on sort des sentiers battus en revisitant quelques hymnes pas piqués des vers! Bonne écoute!

Soeur Charlotte & Père Hervé - Peuple québécois, prions! (PAX; 1970)

Introduction à l'album du même titre pour le duo comique formé de Charlotte Lapointe et Hervé Doucet.

Alleluia 45tLes Alléluias – Juke Box (LOMA; 1964)

Seigneur, je ne t'entends pas: y'a trop de bruit! Troisième 45 tours pour le groupe de Aylmer-Est formé de 13 jeunes séminaristes, dynamisé par les talents d'auteurs/compositeurs des pères Roland Tremblay (contrebassiste) et Bernard Tremblay (chanteur). Le groupe enregistrera un album dans les studios de Radio-Canada à Montréal (3 pressages mono-stéréo témoignent de sa popularité), poursuivra jusqu'en 1965 avant de se métamorphoser en quelques sortes...

Pour une biographie complète du groupe, plusieurs photos inédites et tous leurs enregistrements, consultez l'article du blogue Patrimoine P.Q.

suroMichèle Suro – Toi le crucifié (Escales; 196?)

Rare EP avec pochette-photo de cette chanteuse méconnue. Elle participe à la première époque des boîtes à chansons, notamment avec Michel Noël, à la fin des années 50. Sur ce super 45 tours de 4 titres, elle est accompagnée de Gilles Lafond (paroles et musique) et Tomas Le Grady aux arrangements. Ce dernier semblait aussi être un pianiste régulier au restaurant Au Lutin qui bouffe (angle St-Hubert et St-Grégoire) au milieu des années 60. N’hésitez pas à communiquer avec nous si vous déteniez plus d’informations à son sujet!

Nouveaux_Alleluias_1967_autographes2Les Nouveaux Alléluias – Psaume 150 (Excellent; 1966)

Le Père Bernard Tremblay fut d’abord soloiste pour Les Alléluias, un imposant groupe de 13 séminaristes en soutanes de Aylmer-Est. Suite à la dissolution du groupe, il déménage à Moncton où il fait la rencontre de jeunes étudiants. Ils ont un groupe: Les Saxons. Il les recrute sous le nom des Nouveaux Alléluias, donne plusieurs concerts, effectue une tournée des Iles-de-la-Madeleine et du Québec et enregistre un unique album en 1966. L'aventure durera environ 2 ans. À la suggestion de Tremblay, Les Saxons s’inscrivent et remportent le concours «28 Jours» de Jeunesse Oblige (cat. Groupes) en mars 1967 en direct des studios montréalais de Radio-Canada. Tout ceci coincide avec Bernard Tremblay qui choisit parallèlement de défroquer.

Pour une biographie complète du groupe, plusieurs photos inédites et tous leurs enregistrements, consultez l'article du blogue Patrimoine P.Q.

Michèle Suro – Le déluge (Escales; 196?) opjeunOpération Jeunesse – Dieu de paix, viens parmi nous (Sélect; 197?)

Collaboration entre le chanteur français Jo Akepsimas, alors en visite au Canada, et des musiciens de Lac Mégantic, Thetford-Mines, Québec et Atholville (Nouveau Brunswick). Deux albums sont publiés: Les sessions Alpec – Nuit pascale / Temps de Pâques (pochette bleue) ainsi que Le temps de l'avent, le temps de Noël (pochette orangée).

The Diocesan Folk-Music Camp – Dawn Treader (Diocesan Folk-Music Camp; aout 1977)

Une initiative locale... basée à Verdun! Cette performance est extraite de l'album I heard him call my name, une performance captée LIVE un samedi 28 août 1977 au Camp Kinkora de Ste-Agathe et le lendemain à Verdun. Le programme musical exista entre 1972 et 1982. On accompagnait une foule de jeunes campeurs dans une chorale pendant une semaine et enregistre par la suite un album sous la supervision de John Pasquini et Stan Cypris (claviers) qui a eux-deux signent la plupart des compositions. Soulignons l'excellent solo de Barry MacMaster à la guitare! Qui est ce gars???

diocesanfmcLes Carcasses – Jésus Christ Super Store (Deram; 1977)

Groupe humoristique formé de Denis Blaquière, Richard Duchesne, Gaétan Loiselle et Claude Paré. Les arrangement et la direction musicale sont signés Robert LeBlanc, du duo folk LeBlanc & Lalancette.

Michel Conte – Pierre (Polydor; 1969)

La plus grandiose des chansons rock chrétiennes québécoises, rien de moins! Extrait de son album-concept Aimons-nous les uns les autres (Barclay; 1969) où l'apôtre Pierre est livreur d'une épicerie et Jésus chef d'une bande de motards! On y passe de la pop au rock lourd et quasiment progressif sur des titres comme Pierre ou Je reviendrai parler d'amour (anti-mercantilisation de la foi), deux titres inclus sur la version Deluxe de la compilation Résurrection!

voiciVoici des jours de rêve – J'entends ta voix (Jérusalem; 197?)

Une composition du Père André Dumont, directeur artistique pour les disques RM (Radio-Marie) et largement respeonsable de l'essor des messes rythmées au Québec. Une réalisation du GAP (Groupe d'Animation Pastorale), le même regroupement de Cap-de-la-Madeleine qui nous a donné des projets aussi diversifiés et « avant-gardistes » comme Agapè (Le troisième seuil), l'album folk de Marc Lebel, le projet des Gens comme vous et moi et quelques autres. J'ai eu le bonheur d'ëtre contacté cette semaine par la fille de la chanteuse Lisette Vallée, celle qu'on entend notamment sur Des gens comme vous et moi et J'entends ta voix. On ne manquera pas de revenir sur le parcours musical de cette chanteuse, elle a d'autres titres assez étonnants que j'ai déjà planifié pour de futures émissions.

La Chorale Noviciat des Soeurs Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique – Yesu Ke Mkwebaze (Afrika; 196?)

Merci au blogue québécois Rythmes Étranges, réalisé par Louis-Guy Bégin, pour m'avoiri initié à ce rarissime disque... que je possédais déjà! C'est un hymne tout simplement sublime que nous dédierons aux victimes Kenyennes de l'attentat barbare qui visait essentiellement de jeunes universitaires chrétiens de Garissa. Étonamment, ce titre fut compilé Lipa Kodi Ya City Council de Mississipi Records (US) en 2007.

chorale noviciatPatricia Clements – I'm waiting (Jérusalem; 1969?)

Du gospel avec une touche de rock'n'roll... alors que Dieu met sa chanson dans la bouche de Clements! Si on se fie aux notes de pochette, notre interprète pourrait bien avoir été Missionnaire dans la région de Winnipeg. Elle visitera cependant le Québec pour enregistrer son album As long as I love à Cap-de-la-Madeleine avec le groupe Les Frangins et un certain Gilles Boisvert à la guitare. Elle y signe toutes les compositions. C'est cependant tout ce qu'on sait d'elle... Quelqu'un l'a connu?

Le groupe psychédélique Le Cardan (1967-1970)

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Le Cardan fait la promotion de son simple La reine et le roi à Allez-4 (Québec; 1967).

[caption id="attachment_3361" align="aligncenter" width="640"]Le Cardan, vers 1969. Collection personnelle G. Rhéaume. Le Cardan, vers 1969. Collection personnelle G. Rhéaume.[/caption]

En octobre 2010, j'ai eu le privilège de m'entretenir quelques heures avec le chanteur/musicien/ingénieur/producteur Guy Rhéaume chez lui, à son studio de Boucherville. Si ce nom ne vous est pas déjà familier, je vous invite à consulter la première partie de cette entrevue dédiée à son parcours au sein du groupe Les Convix. Voici maintenant la suite de cette rencontre où M. Rhéaume revient en détails sur la transition de son groupe au cours de l'année 1967... Si vous êtes un ancien membre du groupe Le Cardan et souhaitiez participer à ce survol historique, n'hésitez pas à nous contacter. Toute contribution / anecdote / photgraphie sera la bienvenue. Bonne écoute!

S.D. Est-ce que le groupe à persévéré longtemps avant de devenir Le Cardan?

G.R. Oh oui, un bon bout. Un moment donné, tout le groupe est revenu à Montréal pour étudier après avoir joué à Mont Laurier tout l'été. J'habitais alors avec André Perry, mais on avait plus d'endroit pour pratiquer. J'ai téléphoné à un ami d'école, Richard Émond, pour lui demander s'il aimerait jouer dans un band. «Mets-en, en plus j'ai une place dans ma cave pour pratiquer», qu'il dit. Dans le fond, Richard est surtout rentré dans le groupe parce qu'il avait un local de pratique! *rires*

Je l'ai présenté aux trois autres Convix et il l'ont aimé. Il jouait déjà de la guitare et avait son propre ampli alors il s'est mis à la rythmique. Il connaissait aussi un autre de mes amis d'école, Reynald Beaupré. Il a proposé qu'il devienne notre gérant et je dois dire qu'il a été très efficace. On s'est alors mis à jouer à Québec.

[caption id="attachment_3363" align="aligncenter" width="640"]Le Québec a aussi eu son groupe nommé Kaléidoscope (Collection personnelle G. Rhéaume). Le Québec a aussi eu son groupe nommé Kaléidoscope (Collection personnelle G. Rhéaume).[/caption]

S.D. Sous quel nom?

G.R. Y'a bien eu une transition, mais je ne sais pas quand. En fait, le groupe a eu plusieurs noms. On s'est appelé B Sharp Blues Band un moment et on ne jouait que du blues à la Paul Butterfield. On changeait de nom tout dépendant de ce que les bookers recherchaient. On s'est aussi rebaptisé Le Kaléidoscope.

S.D. Vraiment? Après les États-Unis, l'Angleterre, le Mexique et j'en passe, le Québec avait aussi son groupe nommé Kaléidoscope!

G.R. On se cherchait une identité. Denis avait enseigné le dessin industriel. C'est lui qui a suggéré Le Cardan, un jeu de mot sur ce «joint universel». Moi, j'étais pas d'accord, mais ça faisait juste rire Richard. Je ne m'entendais pas trop avec Reynald, mais on jouait au Temple, un bar psychédélique, tous les lundis soirs à Québec et tous les vendredis soirs à la salle Beaulieu. Les samedis et dimanches, on allait jouer à Mont-Laurier. On avait une vie de fous. La meilleure époque, c'est quand on jouait au Gallerie Café tous les vendredis, samedis et dimanches après-midi dans le Vieux Montréal. On jouait du Hendrix, The Doors, Led Zeppelin, The Animals, The Beatles. On avait un following! J'avais de la misère à entrer dans la salle. Le monde dansait pas. Y'étaient tous assis par terre et ils nous écoutaient jouer. Dans ce temps-là, Michou (Michel Soucy) avait justement coupé les pattes de son orgue et jouait assis, par terre. C'était zen, un peu...

[caption id="attachment_3360" align="aligncenter" width="600"]Le Cardan fait la promotion de son simple La reine et le roi à Allez-4 (Québec; 1967). Le Cardan fait la promotion de son simple La reine et le roi à Allez-4 (Québec; 1967).[/caption] [caption id="attachment_3373" align="alignleft" width="108"]La Patrie, mars 1969. La Patrie, mars 1969.[/caption]

S.D. J'ai vu ça sur une photo publiée dans le livre de Léo Roy (La merveilleuse époque des groupes québécois; Éditions Rétro Laser; 2003).

G.R. Oui, ça c'est notre passage à l'émission Allez-4 à Québec. On est monté en plein hiver pour faire cette émission en lipsynch. On a même pas eu le temps de se préparer; on est rentrés puis on est ressortis.

S.D. Quelle chanson aviez-vous mimé?

G.R. Je crois que c'était La Reine et le Roi. Ce simple, c'est moi qui l'ai tapé, chez André Perry alors qu'il nous «prêtait» son studio.

S.D. Ce serait votre premier simple sous le nom du Cardan?

G.R. Je crois, oui. Je travaillais encore chez Perry à l'époque, mais on entrait en cachette le soir pour y enregistrer. Perry nous méprisait et nous accusait de ne pas avoir de talent... Ce qu'il cherchait surtout, c'est de m'avoir au studio à la journée longue, à l'année longue.

Par ce premier 45 tours sous leur nouveau nom, le groupe laissait exploser son véritable talent créatif. La Reine et le Roi démarre avec fracas, la guitare et Rhéaume au drum martellent allègrement alors que l'orgue s'imbrique en roucoulant. Heavy, la ballade! Du freak beat avec une touche de soul! Au revers, une tendre mélodie éthérée constraste avec le boucan de la face A. Le sommeil du soldat expose le funeste destin d'un jeune homme mort au combat. Et il dort, les yeux grands ouverts... Le groupe insère quelques choeurs vaporeux qui semblent expier sur ce champs de bataille. Le ton n'est pas nécessairement politique, mais l'ambiance incite au recueillement.

[caption id="attachment_3374" align="alignleft" width="47"]La Patrie, décembre 1969. La Patrie, décembre 1969.[/caption]

S.D. Parlons maintenant de votre second simple. Il me semble que Les yeux de velours avait toutes les qualités d'un hit.

G.R. Je me souviens que les gens de CJMS nous avaient dit que le mot « embraser » (sur La Reine et le Roi ) n'était pas français et qu'il y avait trop de fuzz sur nos simples; ils ont donc refusé de nous faire jouer sur leurs ondes. Je sais par contre aujourd'hui que Guy Cloutier, à l'époque, empêchait tous les gens qui n'étaient pas impliqués directement à CJMS de jouer sur cette station. Il contrôlait CJMS et faisait de la payola pour barrer plusieurs nouveaux talents de la scène musicale... Plus tard, j'ai tout de même pu chanter Les yeux de velours à l'émission Allez-4, en solo au moment de sortir mon album chez Polygram. Ils m'ont aussi envoyé chanter ça à Sherbrooke; sur le même show, il y avait Diane Dufresne.

S.D. Je crois que vous aviez eu raison de reprendre ce titre; il y avait là un potentiel hit.

G.R. C'était une composition de Gilbert, la chanson préférée de Claude Palardy et la raison pour laquelle il m'a signé. Palardy avait effectivement du flair.

S.D. La face B, Jardin d'ébène, est totalement psychédélique.

G.R. C'est Denis (Soucy) qui chante ça. C'est lui chantait toutes les tounes où ça montait ben haut. Le son de la guitare à l'intro, c'est joué en frottant rapidement le doigt sur la corde à la base, comme si on en jouait avec un archet.

S.D. Vous l'interprétiez sur scène?

G.R. Oui, pratiquement tous les soirs, on la jouait après House of the rising sun. On incorporaient nos titres avec des reprises. Au début, on était surtout influencés par les Ventures et les Beatles; plus tard, ce fut Hendrix, Blind Faith et les Doors. On jouait When the music's over puis on entendait plus un mot dans la salle.

Ce second simple est en effet plus consistant et témoigne de la symbiose évidente qui habitait les musiciens. La production est soignée et inventive; c'est une pop qui ose, à l'image des observations psychédéliques mis en musique par le groupe. Les yeux de velours offre une mélodie entraînante et accrocheuse, ponctuée de notes fuzzées qui culminent dans un solo vrombrissant. Si le texte demeure plutôt fleur bleue (Ses yeux dans mes yeux, mes yeux dans les siens...), le chant est appuyé d'un jeu suffisamment corrosif pour balancer agréablement le tout. La version qu'enregistrera Rhéaume plus tard en solo réutilisera la même formule, mais préfèrera cette fois un chant plus envouté, plus lousse.

Jardin d'ébène en face B ralenti la cadeance, feutrant l'auditeur dans une inquiétante ambiance lysergique. Vaisseau de crystal limpide, porte-moi vers le sommet de la pyramide perdue dans l'océan d'ébène. Pas de doute, on est en plein trip et c'est Le Cardan qui tient le gouvernail. Les percussions et les claquements de doigts sont à l'avant-plan, les frottis sur les cordent de guitare opèrent et semblent figer le temps alors que la guitare solo offre un son chaud, soutenu et live. Personnellement, j'apprécie quand l'orgue et le clavecin électrique s'imposent, aujoutant leur singulières vibrations aux paroles déjà éclatées.

L'ALBUM PERDU DU CARDAN

[caption id="attachment_3364" align="alignleft" width="300"]The B# Blues Band, 1969. Collection personnelle de G. Rhéaume. The B# Blues Band, 1969. Collection personnelle de G. Rhéaume.[/caption]

S.D. Les Convix sont plus tard crédités sur votre album solo, aux côtés de Loupin & les Loups.

G.R. Cet album, c'est effectivement avec les Convix. Loupin.. c'était une invention de ma part, un band de studio que j'avais monté pour une seule journée d'enregistrement. Cet album là contient les tracks des simples du Cardan – on avait aussi parallèlement enregistré un album – mais quand j'ai quitté le groupe, j'ai retiré les voix des gars et j'ai mis la mienne à la place.

S.D. Vous aviez enregistré un album complet avec Le Cardan?

G.R. Oui. Dans un sens, c'est devenu celui-là (Rêve ).

S.D. Vous aviez conservé les bandes originales?

G.R. En fait, les gars du groupe avaient les bandes pour l'album, mais pendant les événements d'octobre 1970, ils se sont tout fait saisir. On a tout perdu. La police est rentrée chez Denis et Gilbert sur le boulevard Saint-Joseph. Y'avait des freaks là alors les voisins les ont probablement dénoncés. Tout fut saisi et je n'ai rien retrouvé depuis. On avait fait un démo chez André Perry de Hoochie Coochie Man et un paquet d'autres titres avec Perry comme ingénieur. Perdu. L'album du Cardan qu'on avait fait en partie chez Perry puis au studio de Tony Roman était du lot. Quand j'ai quitté le groupe, j'avais conservé les bandes de nos 45 tours parce que je finançais tout... enfin, avec Perry et Roman du moins. Claude Palardy m'a alors signé chez Polygram.

S.D. C'est ainsi que vous en êtes venu à réutiliser certaines des bandes?

G.R. C'est ça. J'en ai réalisé d'autres aussi. J'ai fait plein d'improvisations. Je suis entré seul en studio et devait tout faire moi-même... en une seule prise. Pas question de reprendre quoi que ce soit, je voulais que ça reste raw.

S.D. Si on résume, la plupart des chansons de Rêve étaient des titres originellement interprétés par le Cardan sur scène? Une titre comme Château de sable résonne d'ailleurs comme un potentiel quatrième simple pour votre ancien groupe.

G.R. On jouait déjà ça live dans les bars, mais l'enregistrement ne s'est jamais réalisé. J'ai donc décidé de reprendre cette chanson. J'étais le membre fondateur du groupe. À la fin des années 60, tout le monde empiettait sur ce que je voulais faire. C'était rendu à un point où je ne pouvais plus chanter ou décider quoi que ce soit. Je voulais acheter une van pour transporter l'équipement; les autres voulaient un corbillard. Progressivement, le clan Soucy-Bourgeois prenait le contrôle de mon band... Tu sais, pour arriver à enregistrer chez Tony Roman, je devais lui donner des heures comme ingénieur, pour enregistrer d'autres artistes. Je travaillais pour ça! Je voulais maintenant jouer du drum, mais aussi chanter et une foule d'autres choses. Je le faisais du temps des Convix. En plein milieu de la soirée, je débarquais du drum pour aller chanter en avant 5 ou 6 morceaux comme You've got to hide your love away (The Beatles) ou un titre des Stones.

S.D. Revenons d'ailleurs sur Tony Roman. Comment l'avez-vous rencontré?

G.R. C'était mon client aux studios d'André Perry. On a commencé à collaborer ensemble en enregistrant les Baronets; après j'ai appris à le connaître. On est resté amis longtemps. Quand il a fondé les disques Révolution, aux studio Magma, il m'a dit « Eille Ti-Guy, viens faire un tour! ». Quand je suis arrivé, j'ai vu que c'était vraiment broche-à-foin, mais il m'appelait tout le temps pour que je travaille pour lui. J'ai même joué du drum pour lui, en tournée; on était vraiment des copains. C'était tout le contraire de Perry qui vérifiait tout, exigeait la moitié des revenus potentiels; Tony, lui, disait que c'était pas grave et me prêtait son studio. Quand je faisais quelque chose, il venait l'écouter et si ça lui plaisait, il me demandait une copie pour le sortir immédiatement en 45 tours sur ses nombreuses étiquettes.

S.D. La première fois que je vous ai contacté, c'était pour discuter du 45 tours du Cardan sur Révolution. À quoi référait le titre de sa face B?

G.R. C'était prononcé « chafrè », une déformation de « chat frais » (cool cat), mais seul Gilbert pourrait confirmer puisque c'est lui qui l'a écrit. Cette track-là, c'était une « révolution » au niveau de la composition. Aux premières prises, les gars n'ont rien joué. C'était moi qui jouait seul en ajoutant des percussions. Le groupe a composé la toune par aprés en embarquant sur ma track de drum, sans métronome. On avait jamais fait ça comme ça avant. On a bien-sûr utilisé un Leslie, mais le son de la guitare a été obtenu en insérant un ampli dans un piano droit fermé et en le mikant par en dessous. Denis (Soucy) essayait toutes sortes d'affaires.

S.D. Roman était aussi en studio avec vous?

G.R. Oui, c'est lui qui joue du piano sur Shaffres. On a enregistré ça aux Studios Magma sur la rue Rouville (Montréal). Je me souviens avoir été déçu par la suite. L'enregistrement de la face A, une fois sur vinyle, avait malheureusement perdu tout son niveau en décibels...

Comme chez les précédents simples, on y retrouve deux compositions signées Gilbert Bourgeois et Le Cardan. La face A offre un titre audacieux et épique de 7 minutes, L'Évadé de la nuit , un exploit peu commun et farouchement en marge des palmarès. Avec sa demie-douzaine de mood swings et son rock à la fois tranchant et éthéré, la chanson à tout pour rappeler modestement le mythique simple Defecting Grey des Pretty Things, dans la forme du moins. Cette symphonie de poche au ton sale, entraînant et acide vous fait tanguer d'une ambiance paisible et nocturne à un jerk au Hammond en passant par un solo fuzzé dans le tapis sans pour autant mettre de côté la pop surréaliste. Oufff! Soucy contribue beaucoup à la cohésion de tous ces mouvements par son chant à la fois cabotin et pleinement investi. Peu importe votre pharmacopée, ce titre vous sidèrera par ses airs désinvoltes et la fraîcheur de son jeu. On ne parle pas de rock progressif proprement dit, mais certainement d'un des premiers hybrides psyché-progressif du genre au Québec. Et quelles paroles imagées! Les lueurs de l'aurore précisent l'horizon...

J'ai marché à côté de ceux qui prient, de ceux qui fuient, de ceux qui crient, de ceux qui nient De ceux qui parlent avec les yeux, de ceux qui voient avec les doigts. Ils m'ont amenés avec eux dans un voyage terrible (...) Doit-on s'abandonner à l'intuition ou bien ne se fier qu'à la raison? Dois-je dire oui, dois-je dire non?

Shaffres, en face B, demeure tout aussi psychédélique, cette fois dans une forme plus brève. Des percussions touffues, un solo enfumé, des choeurs dilapidés au Leslie, une prose hippie et procrastine ainsi qu'une guitare bruitiste et omniprésente s'entrechoquent sur un groove tenace. Tout y passe en 2 minutes et 15 secondes! Pour l'époque, vous en connaissez beaucoup d'autres simples de ce calibre?

Gagner sa vie à perdre son temps, perdre son temps à être heureux. Heureux de vivre et laissez vivre. Pendant que d'autres se tuent à gagner du temps pour satisfaire les besoins qu'ils s'inventent...

[caption id="attachment_3371" align="aligncenter" width="640"]lecardand copy Le Cardan, vers 1969. Collection personnelle G. Rhéaume.[/caption]

LE GRAND CIRQUE ORDINAIRE (1969)

G.R. À un moment donné, je m'occupais du Grand Cirque Ordinaire. Le groupe était alors le sujet d'un film de Roger Frappier...

S.D. C'était Le Grand Film Ordinaire ?

G.R. C'est ça. Pour payer les musiciens, Roger m'avait donné 500$... alors c'est Gilbert et moi qui avons joué la musique pour le film. Je devais quand même payer le studio alors j'ai demandé à Tony Roman de sortir ça en 45 tours. Je lui ai remis les bandes et il l'a sorti. Ça a joué à la radio; c'est comme ça qu'il se repayait.

S.D. Comment en êtes-vous arrivé à travailler avec le Grand Cirque, un groupe qui ne faisait que démarrer à l'époque?

G.R. Vers 1969, Le Cardan n'avait plus de place pour pratiquer. On s'est alors trouvé un nouveau local sur Rachel. Y'avait plein d'autres espaces à louer avec d'autres musiciens juste à côté et c'est là qu'on est tombé sur le Grand Cirque. Ils nous ont entendu pratiquer et sont venus nous voir. Je suis devenu chum rapidement avec eux et ça a fait boule de neige...

Musicalement, le Grand Cirque Ordinaire bénéficie d'un accompagnement plutôt discret et délicat de la part des musiciens du Cardan. Les deux compositions originales misent principalement sur la théatralité et la prose de ses interprètes. Une ligne de guitare acérée ose alors s'imposer progressivement, tout en douceur... Dans l'ensemble, l'ambiance se rapproche des doux airs folk popularisés à l'époque par le groupe Le Coeur d'une génération. Rhéaume croisait régulièrement Denis Forcier (guitariste de ce trio) entre quelques enregistrements et les deux musiciens entretenaient une admiration respective. Une quelconque influence aurait pu découler de cette amitié naissante...

S.D. Que sont devenus aujourd'hui vos comparses de l'époque des Convix / Le Cardan?

G.R. Aujourd'hui, Michel construit des maisons et Richard fait du stained glass. Denis est revenu récemment de son tour du monde en voilier; il est monteur vidéo et il rédige un livre sur son expérience en mer. Il a une plume fantastique. Gilbert fait de la programmation et de la comptabilité.

Je tiens à remercier chaudement de nouveau Guy Rhéaume pour ses nombreuses contributions à la réalisation de cet article. Transmettez-lui votre admiration en laissant un commentaire.

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